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Économie circulaire, nouvel impératif pour les télécoms

Capgemini Invent
3 avril 2023
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L’urgence climatique et les tensions sur les matières premières incitent à mettre en place des démarches d’économie circulaire en minimisant fortement l’extraction de nouvelles ressources ou en améliorant la gestion des déchets.

Les opérateurs télécoms sont des grands consommateurs de terres rares, plastiques et autres métaux critiques au sein des infrastructures, appareils et datacenters. Assurer la résilience et transition bas carbone, est déjà une priorité pour certains acteurs, à l’image de Telia et Telefonica, qui ambitionnent de devenir des entreprises « zéro déchet » d’ici à 2030.

Faire de la contrainte une opportunité

L’économie circulaire, qui inscrit le partage, la réparation, le réemploi et le recyclage au cœur du cycle de vie des produits, apparaît comme la réponse la plus pertinente à plusieurs enjeux environnementaux concomitants :

Mais l’économie circulaire n’est pas qu’une stratégie défensive face aux contraintes et aux externalités négatives. C’est aussi une opportunité économique qui va s’amplifier à mesure que la démarche se généralise et que les parties prenantes y sont sensibles. Selon une étude réalisée par Telia en 2021, le secteur des télécoms pourrait créer de 45 à 80 milliards de dollars de valeur par an d’ici 2030 grâce à l’économie circulaire.

Principaux obstacles sur le chemin de la circularité

L’économie circulaire est soumise à trois contraintes majeures.

Une demande client très évolutive reposant sur des produits et services performants et désirables. L’avènement du digital et sa normalisation se traduit aussi par un rythme de l’évolution effréné des appareils et des réseaux nécessaires pour délivrer les services (4G, 5G, et bientôt 6G). Également, pour des enjeux de performances, les nouveaux produits lancés sur le marché deviennent de plus en plus complexes entre les mises à jour continuelles du software et les composants du hardware qui se miniaturisent.

Une définition d’un modèle fondé sur l’usage pour maximiser la valeur économique et environnementale. Face au besoin de faire évoluer les appareils et les réseaux se pose la question de leur durée de vie qui se retrouve écourtée. De ce fait, bien que le marché de la seconde main soit en plein essor, certains utilisateurs restent à convaincre du fait que les appareils ne deviennent rapidement obsolètes.

Un manque d’investissement dans des nouvelles capacités facilitant la gestion de la fin de vie. Il faut créer des systèmes de collecte et de recyclage, des critères de réparabilité des appareils et réseaux usagés, et définir les rôles de chacun dans ce nouveau marché. Les acteurs qui veulent devenir leader de ce secteur devront investir beaucoup dans de nouvelles infrastructures pour faire des processus de revalorisation qui ne sont pas encore normalisés.

La circularité, une transformation stratégique

Ce que montrent les difficultés à la circularité, c’est qu’il faut transformer profondément autour de nouvelles chaines de valeurs, ce qui demande de changer ensemble les modèles d’affaires, le design des produits, les opérations et l’écosystème de partenaires.

  • Définir une stratégie qui met l’accent sur les indicateurs à long terme. La transition vers une économie axée sur la valeur et la création de services est une étape cruciale pour s’adapter à l’environnement économique mondial actuel et à l’augmentation des risques liés à l’approvisionnement et à la rareté des matériaux. Des entreprises telles que Telefonica et Apple ont développé des plateformes et des produits pour encourager le réemploi et le recyclage des matériaux.
  • Évaluer le niveau de circularité dans l’ensemble de la gamme de produits. Les indicateurs de circularité (par exemple, l’indice de réparabilité) doivent être pris en compte dès la phase de création pour simplifier la mise en place des services de prolongation de la durée de vie et de fin de vie. Le recours à des pratiques de conception modulaire favorise notamment la réparabilité, l’adaptabilité ou la remplaçabilité des éléments, car elle inclut la définition de procédures de démontage au début du cycle de vie. Fairphone, société néerlandaise créée en 2013, s’est spécialisée dans la fabrication de smartphones 100% circulaires avec en plus des services visant à faire perdurer le matériel le plus longtemps possible et à fournir l’assistance nécessaire pour maintenir le logiciel à jour.
  • Explorer de nouveaux modèles d’affaire et opérationnels dans l’après-vente. Les nouveaux domaines d’activité ou même un nouveau positionnement sur le marché comme la réparation, la remise à neuf, la refabrication et/ou le recyclage ne sont pas encore très développés. Pourtant, selon une étude d’International Data Corporation (IDC) la vente de mobiles d’occasion et reconditionnés dans le monde en 2022 a augmenté de 11,5 % par rapport à 2021. Ainsi, des opérateurs télécoms comme NTT, Vodafone ou Telefonica se mettent dans cette activité rentable dans le but de revendre, réutiliser et recycler 100% de leurs équipements de réseau d’ici à 2025. En termes de positionnement dans la chaine de valeur circulaire, des acteurs comme Orange deviennent des reconditionneurs avec des services de réparation de smartphones (Easy Repair), et de rachat d’anciens appareils (Business Buyback).
  • Participer à de nouveaux écosystèmes. Pour être rentables à court terme et avoir les compétences et capacités pour la circularité, les opérateurs devront faire partie de groupes et de partenariats avec des concurrents ou d’autres acteurs industriels. Ces initiatives se basent sur des éco-organismes (par exemple, Ecologic, Ecosystem et Screlec…) qui aident à organiser la filière, traiter les déchets électroniques (collecte, tri, recyclage), et partager les bonnes pratiques. Enfin, le partage des données entre les parties prenantes de ces chaînes de valeur sera essentiel pour accélérer cette transformation circulaire avec plus de traçabilité et de transparence.

Pour minimiser leur empreinte environnementale et sécuriser leur potentiel de développement, les opérateurs télécoms n’auront d’autre choix que de passer par l’économie circulaire.

Mener une transformation de cette envergure avec la rapidité et la transparence requises devra inéluctablement être incarnée par la direction générale au vu des investissements et de la marche à franchir.

Au sein de ce marché compétitif, les ingrédients existent déjà, et ceux qui seront les pionniers auront un avantage concurrentiel leur permettant d’assoir une véritable position de leader.

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