Le Digital Product Passport : un levier d’innovation

Le Digital Product Passport (DPP) est un système d’information numérique qui accompagne chaque produit tout au long de son cycle de vie. Accessible directement via des technologies comme les QR codes, les puces NFC ou encore des solutions blockchain s’appuyant sur les systèmes existants entre ERP1, PLM2, MES3, PIM4, il permet un accès instantané à des données fiables, vérifiables et mises à jour en temps réel. Parmi les informations clés figurent : la composition détaillée du produit, la traçabilité des matières premières, les indicateurs d’impact environnemental (émissions de CO₂, consommation d’eau, etc.), ainsi que des consignes personnalisées concernant la réparabilité, le réemploi ou le recyclage.

En plus d’assurer une conformité réglementaire robuste, le DPP ouvre la voie à de nouveaux modèles opérationnels et répond aux attentes croissantes de transparence, tant du côté des consommateurs que des partenaires économiques. C’est un pilier central de la réglementation européenne ESPR (Ecodesign for Sustainable Products Regulation). L’ambition de la commission est claire : renforcer la circularité, la réparabilité et la traçabilité des produits mis sur le marché européen.‍

La transparence devient un critère d’achat comme le rappelle l’étude du Capgemini Research Institute ‘Ce qui compte pour le consommateur en 2025’. Dans ce contexte, le DPP se positionne comme un outil clé pour valoriser les démarches responsables des marques. Il transforme le produit en vecteur direct de ses caractéristiques et de ses valeurs, rassurant les consommateurs sur la provenance, la qualité des matériaux et l’engagement en faveur de pratiques durables. Résultat : une crédibilité renforcée et un lien de confiance entre entreprises et parties prenantes.

Le Digital Product Passport : accélérateur de la continuité digitale

La mise en œuvre du DPP impose un suivi individualisé des produits, ce qui transforme profondément les pratiques internes. Trois défis majeurs doivent être anticipés :

  • Organisationnels : Collecter, suivre et valoriser la donnée tout au long de la chaine de valeur et en interne. C’est un levier supplémentaire de transformation, qui doit s’appuyer sur une continuité digitale renforcée entre l’engineering, le manufacturing, la supply chain et l’IT et le marketing.
  • Technologiques : Garantir la sécurité, l’interopérabilité et la fiabilité des systèmes autour de standards communs, dans un contexte d’exposition accrue aux risques cyber.
  • Gouvernance des données : Assurer la précision, l’éthique et la conformité réglementaire des informations collectées tout au long du cycle de vie des produits.

Au-delà de l’obligation réglementaire, le DPP doit être considéré comme un projet stratégique à forte valeur ajoutée, offrant aux entreprises un potentiel de création de valeur à plusieurs niveaux. Dans un premier temps, il contribue à renforcer leur avantage concurrentiel en améliorant leur image de marque, la fiabilité des informations produits et le lien de confiance avec leurs clients. Il permet également d’optimiser la performance opérationnelle grâce à une meilleure maîtrise du cycle de vie des produits, de la chaîne logistique et à la réduction des risques de non-conformité. Enfin, il ouvre la voie à l’intégration de services additionnels qui enrichissent la proposition de valeur, favorisent la fidélisation des clients et facilitent l’adoption de modèles économiques issus de l’économie circulaire.

Les clés pour réussir l’intégration du Digital Product Passport

Le succès de l’intégration du DPP repose sur plusieurs piliers essentiels :

  • Cartographie et collaboration : Identifier, structurer et fiabiliser précisément chaque point de collecte et d’exploitation de données tout au long de la chaîne de valeur, en s’appuyant sur une approche collaborative renforcée.
  • Interopérabilité des systèmes autour de plateformes ouvertes, sécurisées et centralisées : S’assurer dès le début que les systèmes internes et externes peuvent communiquer de manière fluide grâce à l’utilisation de standards technologiques reconnus. L’architecture IT doit être flexible, modulaire sécurisée et évolutive pour s’adapter rapidement aux évolutions technologiques et réglementaires.
  • Implication et formation de la chaine de valeur : Acculturer, harmoniser rapidement les référentiels et coconstruire les schémas de reporting pour qualifier la donnée vraiment utile et sa fiabilité, en anticipant les exigences réglementaires connexes (devoir de vigilance, empreinte carbone scope 3, etc.).
  • Communication proactive vers les consommateurs : Exploiter le DPP comme un outil de storytelling produit, connecté aux autres informations produits (nutritionnelles, etc.) et aux informations ESG de l’entreprise, pour démontrer l’engagement de l’entreprise en matière de durabilité, améliorer son profil sociétal et proposer des services additionnels nouveaux.[RP1] 

En renforçant les démarches d’écoconception et de gestion du cycle de vie, le Digital Product Passport favorise la transversalité interne, enrichit l’expérience client et optimise les processus industriels. Il place l’économie circulaire au cœur de la stratégie produit, en transformant une contrainte réglementaire en moteur d’innovation, de transparence et de création de valeur durable.


  1. ERP (Enterprise Resource Planning) : système intégré qui centralise et gère les processus clés d’une entreprise (finance, achats, production, RH) pour améliorer la coordination et la productivité. ↩︎
  2. PLM : (Product Lifecycle Management) : solution qui gère l’ensemble du cycle de vie d’un produit, de la conception à la maintenance, en facilitant la collaboration et la traçabilité. ↩︎
  3. MES (Manufacturing Execution System) : logiciel qui supervise et optiise les opérations de production en temps réel, entre l’atelier et le système ERP. ↩︎
  4. PIM (Product Information Management) : outil qui centralise et enrichit les données produits (descriptions, visuels, caractéristiques) pour assurer leur cohérence sur tous les canaux. ↩︎