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Les paradoxes de l’IA et de la Gen AI pour la cybersécurité

Vincent Laurens
3 juillet 2025

En quelques mois, l’intelligence artificielle (IA) et l’intelligence artificielle générative (Gen AI) ont pris une place prépondérante dans le paysage de la cybersécurité à la fois comme ferments d’innovation et comme arguments de vente. Cette omniprésence de l’IA et de la Gen AI soulève cependant des questions majeures sur lesquelles les dirigeants doivent, selon moi, se pencher avant d’investir.

L’IA et la Gen AI apportent-elles réellement des bénéfices en matière de cybersécurité ?

Avec des cas d’usage désormais bien identifiés, des implémentations suffisamment nombreuses et plusieurs mois de recul, la réponse est clairement oui. L’IA et la Gen AI permettent notamment d’optimiser les dispositifs de sécurité, d’affiner la détection, d’automatiser les processus, ou encore d’économiser et de réaffecter des compétences. Par exemple, j’ai pu voir plusieurs entreprises du secteur financier utiliser la Gen AI pour leurs rapports de menaces de haut niveau. Capable de réaliser une synthèse digeste et intelligible à partir d’une masse d’informations techniques et business, elle s’acquitte à merveille de cette tâche, ce qui se traduit par des gains de temps, de qualité et de ressources, une amélioration du processus de décision, et, in fine, de la sécurité.

Dans quelle mesure les acteurs malveillants utilisent-ils eux aussi l’IA et la Gen AI ?

Si la défense peut ainsi tirer profit de l’IA et de la Gen AI, ne doit-on pas craindre que l’attaque en fasse de même ? Pour l’instant, la réponse est non. Certes, des utilisations de la Gen AI dans quelques cas d’ingénierie sociale et d’usurpation d’identité ont déjà été détectées et déjouées, en particulier pour des tentatives de fraude au Président, mais on est loin de l’usage massif tant redouté. Toutefois, ce n’est sans doute qu’une question de temps (6 mois ? 1 an ?) avant que des cybercriminels ne trouvent comment créer, grâce à l’IA et à la Gen AI, des attaques plus efficaces, plus furtives et plus dangereuses.

L’utilisation de l’IA et de la Gen AI dans le domaine de la cybersécurité engendre-t-elle de nouveaux risques ?

En dépit de leur rôle protecteur, les outils de cybersécurité font partie intégrante du système d’information (SI) et, de ce fait, contribuent à sa surface d’exposition. Parallèlement aux services qu’ils peuvent rendre, il faut donc toujours s’interroger sur les risques que peuvent occasionner leur mise en œuvre. Avec des solutions fondées sur l’IA ou la Gen AI, trois aspects sont plus particulièrement à surveiller :

  • Les données :pour aider à protéger le SI, l’IA et le Gen AI seront amenées à rassembler, analyser et produire des informations extrêmement sensibles : mots de passe, profils utilisateurs, règles, listes de vulnérabilités… Il est essentiel de déterminer qui aura accès à ces données, pour quoi faire, et comment elles seront à leur tour sécurisées. Sur un autre plan, il faudra aussi s’interroger sur l’empreinte environnementale des systèmes qui stockeront et traiteront ces gigantesques masses de données.
  • La dépendance à la machine : en matière de cybersécurité, l’IA et la Gen AI auront surtout pour rôle de fournir des informations permettant de prendre plus vite – voire d’automatiser – les décisions. Or, celles-ci pouvant être très lourdes de conséquences (dans une banque ou un OIV, par exemple), mieux vaut être sûr du diagnostic comme du remède ! C’est pourquoi il faudra être très attentif à la fiabilité et à la transparence des algorithmes ainsi qu’à la mise en place de garde-fous humains.
  • La réglementation : ces deux questions sensibles des données et du contrôle des algorithmes inciteront très probablement les autorités régulatrices (cyber, financiers, sectoriels…) à fixer un cadre plus spécifique que l’AI Act européen pour l’utilisation défensive de l’IA et de la Gen AI. L’ANSSI y travaille déjà, mais le processus pourrait – devrait – s’accélérer dans les prochains mois.

Tel est, en fin de compte, le grand paradoxe de l’irruption de l’IA et de la Gen AI dans le domaine de la cybersécurité : elles apportent un surcroît d’efficacité plus que bienvenu aux organisations prises en étau entre la prolifération des menaces et la pénurie des compétences, mais, dans le même temps, elles suscitent de nouvelles interrogations et ouvrent de nouveaux fronts à protéger.

À technologies révolutionnaires, approche classique

Toutefois, les incertitudes, notamment celles concernant de possibles réglementations à venir, ne doivent pas décourager les organisations d’investir dans l’IA et la Gen AI pour la cybersécurité. Elles doivent au contraire tirer sans plus tarder profit de ses bénéfices avérés et de la longueur d’avance qu’a, pour une fois, la défense sur l’attaque. En revanche, il faut avancer avec prudence, sans se laisser aveugler par les prouesses et les promesses de ces nouveaux outils, mais en gardant toujours à l’esprit leurs limites et les questions qu’ils soulèvent. Pour cela, leur mise en œuvre doit impérativement s’accompagner de la mise en place d’un cadre de gouvernance ainsi que d’un processus de veille et de benchmark afin d’en mesurer et d’en valider l’efficacité, et de remédier au plus tôt à d’éventuelles dérives. Et c’est là, peut-être, un ultime paradoxe de l’IA et de la Gen AI, qui, pour révolutionnaires qu’elles soient, réclament une approche on ne peut plus classique.

Notre expert

Vincent Laurens

Directeur du développement Cyber pour la région Europe du Sud, Capgemini
Vincent a débuté sa carrière en sécurité informatique dans les années 90, travaillant avec diverses organisations, y compris des services de renseignement et des industries spécialisées. En 2013, Vincent a rejoint Sogeti au Luxembourg, puis est devenu vice-président mondial de la cybersécurité en 2018. Depuis 2022, Vincent est vice-président et stratège mondial de la sécurité chez Devo, et en 2024, il a rejoint Capgemini pour diriger la cybersécurité dans la région SCE. Depuis 2019, il est également administrateur non exécutif pour plusieurs start-ups technologiques et conseille des dirigeants et des conseils d’administration en cybersécurité.

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        26 juin 2025
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        70% des nouvelles applications utiliseront des technologies low-code/no-code d’ici fin 2025 selon Gartner, contre moins de 25% en 2020.

        Sur toutes les lèvres depuis une décennie, le Low-Code / No-Code (LCNC) est-il sur le point d’atteindre ses projections ? Avec l’émergence de l’Intelligence Artificielle Générative et des agents, cette technologie est-elle enfin prête à révolutionner le développement applicatif ? L’évolution de la place des métiers dans le développement digital est-elle imminente ? Dans cet article, explorons dans quelle mesure ces technologies sont mises au service de la transformation digitale des entreprises.

        Le Low-Code / No-Code, vers un développement réellement accessible à tous ?

        Le Low-Code / No-Code désigne un ensemble de plateformes et d’outils permettant de développer des applications avec peu ou pas de programmation, accessibles non seulement aux équipes digitales, mais aussi aux acteurs métiers.

        Ces plateformes mettent à disposition des interfaces visuelles et des fonctionnalités simples d’un point de vue expérience utilisateur, comme le glisser-déposer ou encore la modélisation de processus, pour simplifier la création d’applications.

        Ces dernières années, le paysage des acteurs du LCNC s’est considérablement enrichi et s’articule principalement autour de 3 typologies d’éditeurs :

        • Les grands acteurs du workspace comme Google ou Microsoft
        • Les éditeurs plus indépendants tels que Simplicité, OutSystems, Pega ou Mendix
        • Les éditeurs de CRM ou de solutions IT packagées telles que ServiceNow ou Salesforce intègrent également à leur tour des capacités LCNC dans leurs logiciels.

        Des cas pratiques révélateurs pour l’IT, les fonctions support et les métiers

        Les solutions LCNC modernisent l’expérience client ou collaborateur par :

        • L’automatisation de processus ou de certaines tâches (envoi de mails automatiques, validations d’étapes quand certaines conditions sont atteintes)
        • La construction de tableaux de bord complexes, alimentés par l’IA
        • La gestion de formulaires (supervision des stocks, des inventaires, situations administratives, …)
        • La conception de portails ou de front-offices visuels

        Pour en exploiter pleinement le potentiel, certains acteurs ont été accompagnés pour concrétiser leurs cas d’usages :

        • Acteur de la mobilité : une application de suivi des demandes de formations a été développée, permettant de sécuriser la bonne actualisation des compétences de l’ensemble des agents concernés
        • Acteur de l’aéronautique : une application dédiée à la gestion du processus de maintenance des hélices a été délivrée, réduisant ainsi les délais d’intervention et améliorant la traçabilité des opérations.

        Quand l’Intelligence Artificielle rencontre le LCNC : un duo puissant

        Avec l’émergence de l’IA générative, le LCNC bénéficie d’une nouvelle dimension. Par un simple prompt, l’IA permet la génération de code voire la proposition de premières interfaces visuelles ou automatisations. Selon une étude publiée par l’éditeur Mendix, 85% des entreprises évaluées indiquent que l’IA combinée au low-code permettrait d’accélérer l’innovation et la digitalisation. Cette synergie ouvre la voie à une adoption plus large des solutions LCNC en démocratisant – jusqu’à une certaine limite – le développement de fonctionnalités avancées. A noter qu’une gouvernance stricte est cependant requise pour contrôler la qualité des applications et fonctionnalités générées par IA.

        Le LCNC comme booster de digitalisation

        Au-delà de l’amélioration de l’expérience client ou collaborateur, l’un des principaux atouts de ces technologies consiste en la réduction du temps de développement jusqu’à le diviser par deux pour certains exemples du secteur bancaire, impactant ainsi les coûts et délais de mise à disposition des applications.

        Par leur nature accessible et flexible, les solutions LCNC favorisent également un environnement de collaboration efficace, rapprochant les équipes digitales et métiers, et gommant ainsi les barrières historiques entre ces deux univers.  

        Enfin, les solutions LCNC améliorent la traçabilité applicative grâce à une infrastructure pilotée, assurant le suivi de la création et de l’utilisation des applications, mais aussi garantissant un cadre de conformité commun paramétrable. En synthèse, ces solutions permettent aux utilisateurs de créer des solutions adaptées à leurs besoins, tout en aidant la DSI à prévenir l’IT non contrôlé (ou Shadow IT).

        Le LCNC peut être limité pour soutenir certaines applications complexes

        Cependant, le LCNC ne constitue pas une solution universelle. Certaines applications nécessitent en effet une personnalisation avancée, des interfaces avec des SI legacy complexes, ou encore une scalabilité importante, ce qui justifie le recours à du développement sur mesure.

        Ainsi, une structure de delivery digital de type « Digital Factory » bien structurée doit articuler intelligemment Low-Code, No-Code et développement classique en fonction des besoins et du niveau de maturité de l’organisation, en s’appuyant sur des modèles d’implémentation adaptés.

        Quel modèle d’implémentation du LCNC privilégier ?

        Les organisations adoptent les solutions LCNC selon 2 modèles majoritaires, adaptables en fonction de la maturité et du besoin.

        Dans le modèle Citizen Dev, tout type d’utilisateurs, dont les utilisateurs métiers, peuvent être équipés directement des solutions – généralement No-Code – choisies par l’entreprise. Si ce modèle permet une meilleure autonomie des équipes métiers notamment, elle implique une gouvernance forte, avec la mise en place d’une équipe de formation et de support dédiée, la gestion de communautés de créateurs et de champions, ainsi que la définition d’un processus de run réaliste et adapté. Le modèle Citizen Dev peut être diffus au sein de l’entreprise, limité à certains départements ou encore adressé au cas par cas.

        Dans le modèle Pro Dev, les solutions LCNC sont en revanche réservées aux équipes digitales pour accélérer leurs capacités de développements. Plusieurs options sont alors possibles :

        • Équiper directement l’ensemble des développeurs avec des solutions LCNC
        • Équiper seulement une ou plusieurs squads dédiées aux produits LCNC

        Ces solutions peuvent être utilisées unitairement ou dans une approche fusionnée Low-Code / Pro-Code pour assurer une meilleure évolutivité et robustesse des solutions. De la même manière que pour le modèle Citizen Dev, ce modèle nécessite en amont la définition d’une gouvernance claire et adaptée de la demande initiale à la gestion du run.

        Réussir sa transition vers le LCNC : les étapes clés

        Pour assurer une adoption réussie du LCNC, plusieurs étapes sont clés et modulables en fonction du modèle d’implémentation choisi :

        Enfin, il est recommandé de commencer par des expérimentations guidées via de premiers projets et populations pilotes avant d’envisager un déploiement à grande échelle. 

        1. Commencer par l‘identification de premiers besoins permet de déterminer quels processus ou applications pourront être optimisés grâce à ces outils.
        2. Ensuite, le choix de la (des) plateforme(s) doit être avisé, en fonction de ces besoins, des exigences en termes d’architecture et de sécurité notamment, mais aussi en fonction du modèle de licensing et des coûts associés.
        3. Le modèle d’implémentation et la gouvernance doivent ensuite être définie : gestion de la demande ou de l’identification du besoin, gestion des développements, gestion des déploiements, gestion du run, monitoring et suivi des KPI.
        4. La gestion de communautés doit être anticipée, qu’elles soient métier ou IT, en préparant des formations et des dispositifs d’accompagnement adéquats.
        5. Le paramétrage de la plateforme est ensuite à initier avant de mettre les outils à disposition, afin de garantir un cadre de sécurité et de développement commun.
        6. Enfin, il est recommandé de commencer par des expérimentations guidées via de premiers projets et populations pilotes avant d’envisager un déploiement à grande échelle. 

        Conclusion et perspectives

        Le Low-Code / No-Code représente donc une opportunité stratégique à saisir pour accélérer la transformation digitale, favoriser l’innovation et renforcer l’agilité des entreprises. Il s’accompagne aussi de nouvelles compétences à développer. Low-code ne signifie pas low-skills : ces technologies facilitent certes l’accès au développement, mais nécessitent toujours un socle de compétences fonctionnelles auquel s’ajoute alors une maîtrise de ces solutions et des capacités de prompting avancées.

        Pour toute information complémentaire, notre équipe d’experts se tient à votre disposition et sera ravie d’échanger à propos de vos ambitions et projets LCNC.

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        Auteurs

        Nicolas Cabridain

        VP Business Technology, Capgemini Invent
        Nicolas est Vice-président de l’entité Business Technology/CIO Advisory de Capgemini Invent France, avec plus de 15 ans d’expérience dans la mise en place et le pilotage de larges programmes de transformation digitale dans différents secteurs : Industrie, Pharma, Financial Services, Services Publics, etc.

        Alban Korniloff

        Directeur, Capgemini Invent
        Alban est directeur chez Capgemini Invent avec plus de 8 ans d’expérience. Il accompagne les entreprises d’aujourd’hui à se lancer dans le Digital de demain à travers la définition de leur vision stratégique, la conception de modèles opérationnels sur des modèles Digital Factory, l’agilisation des pratiques de delivery ainsi que le lancement et le pilotage de produits / programme digitaux.
        Antoine-Metivier

        Antoine Metivier

        Directeur, Capgemini Invent
        Directeur chez Capgemini Invent avec 15 ans d’expérience, Antoine Métivier a piloté de grands programmes de transformation et delivery IT, incluant la mise en place de cockpit de pilotage, dans de nombreux secteurs : public, banque, assurance, luxe, etc.

        Manon Briole

        Manager, Capgemini Invent
        Manager chez Capgemini Invent, Manon accompagne depuis plus de 5 ans des clients du secteur public et privé dans la livraison de produits digitaux au sein de digital factories. En complément de son expertise en product ownership, elle a pu aider certains acteurs à mettre en place de modèles d’implémentation du Low-Code / No-Code adaptés, leur permettant ainsi d’en exploiter la pleine puissance. Passionnée de tech et d’innovation, elle se spécialise en particulier dans les technologies au service du produit et porte ainsi le développement de l’offre Low-Code / No-Code au sein de Capgemini Invent.

        Eloi Thiebaut

        Architecte Senior / Expert Microsoft, Sogeti
        Avec 15 ans d’expérience en tant qu’architecte de solutions et d’entreprise, Eloi s’est spécialisé dans les technologies de Low-code / No-code, notamment la Power Platform, permettant aux entreprises d’accélérer leur transformation digitale. Son expertise en Low-code / No-code lui donne une vision globale des projets et favorise un environnement collaboratif. Il conçoit des solutions robustes et innovantes qui répondent aux besoins modernes de développement rapide et d’optimisation des processus.

        Charles Rodriguez

        Consultant, Capgemini Invent
        Charles est consultant chez Capgemini Invent, au sein de l’entité Business Technology. Fort d’une expérience d’un an, il a participé à la mise en œuvre et au suivi d’une digital factory pour un client du secteur public, contribuant ainsi à l’accélération de sa transformation digitale et à l’optimisation de ses processus.

        Ulysse Burah

        Consultant, Capgemini Invent
        Ulysse Burah est consultant chez Capgemini Invent, au sein de l’entité Business Technology. Avec une année d’expérience, il a contribué à l’accompagnement et à la mise en œuvre d’un projet agile de développement applicatif, visant à digitaliser les processus Back Office et à optimiser leur efficacité.

        Youssra Tahri

        Consultante, Capgemini Invent
        Youssra est consultante chez Capgemini Invent. Elle a contribué à la mise en place et au pilotage de digital factories pour de nombreux clients notamment dans les secteurs : Services publics, Automobile, etc

          Cybersécurité et IA : un nouvel horizon pour la défense

          Vincent Laurens, Jérôme Desbonnet
          23 juin 2025

          L’IA bouleverse tous les aspects du domaine militaire, du centre de commandement au théâtre des opérations, des fonctions de soutien aux systèmes de combat. Pour les forces armées, elle est un formidable atout, leur permettant de se préparer et d’agir avec davantage d’anticipation, de précision et d’efficacité, mais elle est aussi une redoutable menace, car elle démultiplie dans les mêmes proportions les capacités de l’adversaire.

          De la désinformation au sabotage des infrastructures en passant par l’usage massif des drones, les conflits en cours révèlent la place prépondérante qu’elle occupe désormais. Dans un contexte géopolitique particulièrement tendu et incertain, et face à des acteurs de plus en plus désinhibés, le monde de la défense doit absolument faire de la cybersécurité de, et par, l’IA une priorité absolue.

          La sécurisation des systèmes d’IA comporte deux volets complémentaires :

          • Développer des solutions nativement sécurisées : Pour éviter que l’on puisse exfiltrer ou polluer les données d’un système d’IA, le paralyser ou s’y introduire pour en prendre le contrôle, il est impératif d’en envisager la sécurité dès l’origine, c’est-à-dire dès la conception des algorithmes et de l’application qui va les intégrer. On s’appuiera pour cela sur les bonnes pratiques usuelles de la sécurité by design, auxquelles s’ajoutera une dimension spécifique d’éthique by design afin de maintenir la solution et ses réponses dans le cadre des valeurs de l’institution.
          • Protéger les actifs lorsque les systèmes sont utilisés : En plus de protéger les systèmes d’IA contre les attaques extérieures, il faut aussi éviter que leur utilisation elle-même – maladroite ou malveillante – ne puisse avoir des conséquences dommageables. Pour éviter les décisions erronées ou la divulgation d’informations sensibles, on mettra en place des garde-fous automatisés et humains, et l’on veillera tout particulièrement à la qualité des données d’entraînement et d’analyse (RAG) pour minimiser les biais et les hallucinations.

          La puissance de l’IA peut par ailleurs être mise au service de la cybersécurité, là aussi de deux manières :

          • Prendre de meilleures décisions : Dans la masse des données de toutes natures que collectent les organismes de défense, l’IA est capable de repérer des signaux faibles, des schémas révélateurs d’une attaque, d’en identifier et d’en localiser avec précision l’origine, de fournir aux personnels une information claire et complète, d’automatiser les réponses… Ces capacités bénéficient à la cybersécurité de même qu’à tous les enjeux de la défense dans le monde physique : communication et renseignement, systèmes opérationnels, génie, logistique, MCO…
          • Contrecarrer des activités malveillantes employant elle-même l’IA : Les acteurs malveillants mettent eux aussi à profit l’IA pour développer des attaques toujours plus sophistiquées, et seule l’IA est parfois capable de les contrer. Elle peut, par exemple, identifier à la volée les deepfakes et les messages de phishing, ou encore lutter contre les malwares polymorphes.

          L’urgence est de se renforcer sur ces quatre aspects fondamentaux. Cependant, ces enjeux immédiats ne doivent pas occulter les conséquences à plus long terme de l’IA, dont il faut aussi tenir compte terme dans l’élaboration des stratégies, des capacités et des systèmes futurs. En ce qui concerne la cybersécurité, deux sujets doivent dès à présent entrer dans les réflexions :

          • La perte de compétences : Bien que les taux d’hallucinations restent élevés (et même augmentent selon certaines observations), la confiance des utilisateurs envers l’IA s’accroît à mesure qu’elle s’installe dans leur quotidien. Il pourrait s’ensuivre une déperdition des savoirs qu’ils sont de plus en plus enclins à déléguer à la machine. L’exemple de l’industrie nucléaire montre que l’attrition des compétences peut être très rapide. Manquera-t-on bientôt d’experts pour valider les résultats des systèmes d’IA ou prendre les décisions finales ? La défense ne peut ignorer cette question cruciale.
          • L’émergence de l’IA agentique : Alors que les capacités des LLM pourraient à terme plafonner faute de données d’apprentissage en quantité, en qualité et en originalité suffisantes, les IA dites « agentiques » – des systèmes spécialisés, fermés, entraînés sur des corpus restreints, et capables d’accomplir seuls des tâches complexes comme coordonner le vol d’un essaim de drones – offrent des perspectives très prometteuses. Cependant, ces IA agentiques poseront des défis de sécurité inédits. Il faudra par exemple intégrer les agents aux systèmes d’authentification et d’habilitation, sécuriser leurs interconnexions… Pour l’heure, il n’existe pas encore de standards en la matière, et encore moins de niveau défense, mais des travaux sont en cours.

          Que ce soit en tant que cible, menace ou parade, l’IA repousse les frontières de la cybersécurité avec, aux côtés de problématiques des plus classiques, des enjeux d’une nature ou d’une magnitude inédite. Pour le monde de la défense, il s’agit d’un défi majeur et vital. Pour le relever, il lui faut se doter d’une doctrine et d’une stratégie, de compétences et de ressources technologiques, et d’instruments de veille, d’analyse et d’innovation pour rester au contact d’évolutions extrêmement rapides. Et tout cela sans perdre un instant.

          Auteurs

          Vincent Laurens

          Directeur du développement Cyber pour la région Europe du Sud, Capgemini
          Vincent a débuté sa carrière en sécurité informatique dans les années 90, travaillant avec diverses organisations, y compris des services de renseignement et des industries spécialisées. En 2013, Vincent a rejoint Sogeti au Luxembourg, puis est devenu vice-président mondial de la cybersécurité en 2018. Depuis 2022, Vincent est vice-président et stratège mondial de la sécurité chez Devo, et en 2024, il a rejoint Capgemini pour diriger la cybersécurité dans la région SCE. Depuis 2019, il est également administrateur non exécutif pour plusieurs start-ups technologiques et conseille des dirigeants et des conseils d’administration en cybersécurité.

          Jérôme Desbonnet

          VP – Cybersecurity CTIO – Chief cybersecurity Architect CIS GBL's, Capgemini
          En tant que VP, Cybersecurity CTIO, Jérôme crée des modèles d’architecture de sécurité. Jérôme planifie et exécute d’importants programmes de sécurité afin de garantir que les clients de Capgemini sont bien protégés.

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                Maëlle Bouvier, Axelle Javerlhiac et Thomas Ruaudel 
                18 juin 2025
                capgemini-invent

                Les entreprises sont confrontées à des exigences de reporting durable d’une ampleur inédite. Pour leur permettre d’y faire face, la Commission européenne a proposé début 2025 des mesures législatives visant à ajuster ou à reporter certaines obligations : le paquet Omnibus. Un coup de frein qui ne remet pas pour autant en cause les opportunités offertes par la CS3D en termes de résilience opérationnelle.

                Adoptée par la Commission Européenne en juillet 2024, la Corporate Sustainability Due Diligence Directive (CSDDD ou CS3D) impose aux entreprises opérant dans l’UE d’identifier, de prévenir, d’atténuer et de rendre compte des impacts négatifs de leurs activités sur les droits humains et sur l’environnement, y compris dans leur chaîne de valeur.  

                Elle introduit également un devoir de vigilance et des risques de sanctions en cas de manquement. Destinée à encourager des pratiques plus durables et plus transparentes pour les consommateurs, cette directive a été vivement critiquée pour sa complexité et la sévérité des sanctions envisagées.  

                Une nécessaire poursuite des efforts 

                En réponse, l’Omnibus Package, publié début 2025, prévoit diverses mesures destinées à assouplir les exigences du texte initial. Cette nouvelle mouture de la CS3D continue tout de même de refléter la volonté de l’UE d’instaurer un modèle économique plus responsable et plus transparent.

                L’obligation pour les grandes entreprises de mettre en place une politique de vigilance, d’intégrer la durabilité dans leur gouvernance, de surveiller les impacts négatifs dans leur chaîne de valeur directe et d’impliquer les parties prenantes concernées reste maintenue, tout comme le devoir d’agir pour prévenir ou atténuer les atteintes graves aux droits humains et à l’environnement.  

                Les entreprises sont donc largement incitées à poursuivre leurs efforts de transformation durable. Chez Capgemini, nous sommes convaincus de la nécessité de considérer la CS3D comme une opportunité de renforcement de la résilience business. Sans révision de la chaîne d’approvisionnement, certains produits, risquent, à terme, de ne plus pouvoir être commercialisés.  

                En outre, le changement climatique devrait augmenter les risques de rupture d’approvisionnement, avec des incidences évidentes sur les opérations et le chiffre d’affaires de l’entreprise. En alignant performance économique avec responsabilité, transparence et durabilité, les réglementations telles que la CS3D constituent ainsi de véritables accélérateurs de transformation, bien au-delà d’un contexte législatif par nature mouvant.  

                Trois cas d’usage concrets qui illustrent les opportunités business d’une mise en conformité CS3D : 

                1. Sécuriser l’approvisionnement : pour optimiser la production en maîtrisant les coûts 

                La CS3D exige la publication d’une cartographie des risques relatifs aux droits humains et aux normes environnementales sur toute la supply chain. En effectuant l’analyse de leurs sous-traitants et fournisseurs afin d’identifier ceux susceptibles de présenter des risques environnementaux et sociaux, les entreprises sont en mesure d’identifier rapidement les problèmes d’irrégularités ou de non-conformité des matières premières. À la clé, une réduction des ruptures d’approvisionnement, des retards de production ou des sanctions potentielles.  

                Pour ce faire, elles peuvent s’appuyer sur la puissance de l’intelligence artificielle (IA), couplée à l’analyse de données : grâce à l’optimisation, l’automatisation et la prédiction, l’IA aide à anticiper les risques autour de la supply chain, et donc d’éviter les coûts de gestion de crises et les perturbations associées. Cette technologie est également un levier pour la résolution proactive des problèmes pour garantir la continuité des opérations, et améliorer l’efficacité opérationnelle en adaptant en temps réel la production et la logistique.  

                La sécurisation de la supply chain permet ainsi de renforcer sa robustesse, de faciliter la traçabilité des produits et de positionner les entreprises en acteurs responsables. 

                1. Piloter et réorienter le portefeuille produit : pour renforcer l’innovation et la compétitivité 

                Faire face aux risques présents et futurs exige de mettre en œuvre une transformation du portefeuille vers des produits résilients et à faible impact. À cette fin, les directions pourront doter les services achats d’outils d’aide à la décision. Pour chaque catégorie de produit, une analyse croisée entre ses bénéfices (rentabilité, image de marque, innovation…) et sa résilience (fiabilité de l’approvisionnement, conformité ESG, moindre exposition aux risques…) permettra de déterminer la valeur relative à lui accorder dans le portefeuille pour rendre celui-ci plus sûr, plus durable, et plus stratégique.  

                Cet outil pourra être également utilisé par d’autres départements, tels que la Recherche & l’Innovation pour promouvoir une conception à l’épreuve du temps ou encore le Marketing, afin d’illustrer les choix durables réalisés par l’entreprise.  

                En permettant aux entreprises de réduire leurs risques juridiques (procédures de rappels, sanctions réglementaires), d’anticiper les attentes des consommateurs, de s’ouvrir à de nouveaux marchés et de renforcer leur conformité réglementaire, la réorientation du portefeuille produit constitue un formidable levier de compétitivité, d’innovation et d’optimisation des coûts à long terme.  

                1. Communiquer de manière innovante et transparente : pour renforcer la confiance des clients et des investisseurs 

                Capitaliser sur les données extraites des cas d’usage ci-dessus permet aux acteurs investis dans la transformation durable de construire une information transparente sur l’impact de leurs produits. Objectif : renforcer la confiance de leur écosystème (B2B, B2C, et investisseurs).  

                Concrètement, il s’agit de doter les clients finaux d’une information complète, accessible et à jour sur la traçabilité et l’éthique des produits, mais également des conseils sur leur utilisation, leur composition et leur recyclage. Ces connaissances permettront aux parties prenantes de devenir des acteurs éclairés et responsables, capables d’authentifier les produits et de les comparer avec leurs équivalents sur le marché.  

                Cette transparence dans la stratégie de communication sera clé en cas de crise (ex : scandale textile, pollution minière…). Elle permettra aux entreprises de mieux maitriser les risques réputationnels, éviter les bad buzz, les boycotts ou les pertes de parts de marché. 

                Conclusion 

                Avec la CS3D, la réglementation pousse les entreprises à transformer leurs pratiques tout au long de la chaîne de valeur de manière à traduire leurs engagements sociaux et environnementaux en actions concrètes. Toutefois, le passage à l’action ne pourra s’amorcer sans les prérequis nécessaires à toute transformation durable :   

                • une stratégie RSE claire, pilotable, connue de tous et articulée avec le business ;  
                • un travail en profondeur de la donnée ESG de l’entreprise pour pouvoir l’harmoniser, la maîtriser (qualité, volume…) et l’actionner sur l’ensemble du triptyque ESG ; 
                • la traçabilité des produits sur toute la chaine de valeur via des démarches telles que le Digital Product Passport

                Seule la combinaison de ces trois piliers permettra aux entreprises d’actionner efficacement les leviers de la transformation durable et de mettre celle-ci au service de leur performance de long terme.  

                Auteurs

                Maëlle Bouvier

                Directrice Développement Durable, Capgemini Invent
                Maëlle Bouvier est directrice au sein de l’entité « Sustainable futures » de Capgemini Invent. Depuis 2010, Maëlle a dédié sa carrière au secteur public et au développement durable, en tant que chargée de mission dans les ministères (Affaires Etrangères, Environnement) ou via des missions de conseil. Maëlle a rejoint Capgemini en 2018 pour soutenir la transformation des ministères et de leurs opérateurs, notamment via le levier du digital. Elle porte désormais au sein de nos équipes les offres de valeur en matière d’éco-responsabilité, de transformation durable et d’accélération de la transition écologique auprès des clients publics de Capgemini Invent. 

                Axelle Javerlhiac

                Senior Consultant, Capgemini Invent
                Axelle est Senior Consultante dans les équipes Sustainable Futures de Capgemini Invent. Depuis ses débuts chez Invent, Axelle a accompagné de nombreux acteurs dans diverses industries sur les sujets de durabilité. Elle intervient notamment sur les sujets de définition et mise en place de stratégie RSE, ESG reporting et mise en conformité règlementaire.

                Thomas Ruaudel

                Vice president | Sustainable Futures, Capgemini Invent
                Thomas accompagne depuis 25 ans ses clients du secteur privé dans leurs stratégies de développement durable. Depuis 5 ans il se consacre à la décarbonation d’acteurs de l’aéronautique et de l’automobile. Il développe des stratégies de gestion des portefeuilles de produits à la fois résilients aux regards des risques de transition et à impact positif. Il porte les solutions Future-Proof Product dans l’équipe Sustainable Futures de Capgemini Invent.

                  Pour aller plus loin

                  Ouvrir la voie en matière de développement durable

                  Accélérer la durabilité dans un monde en pleine mutation.

                   Tendances 2025 pour les villes intelligentes

                  François Devif
                  17 juin 2025

                  La technologie redéfinit la vie urbaine. L’urbanisation rapide de ce siècle a transformé les villes en centres bouillonnants de croissance et d’innovation. Cependant, ce progrès s’accompagne de défis majeurs, tels que la gestion des ressources, la résilience face au changement climatique et l’efficacité de la gouvernance. En 2025, les technologies émergentes joueront un rôle clé dans la réinvention du fonctionnement des villes à grande échelle.

                  Avec plus de la moitié de la population mondiale vivant désormais en milieu urbain, les villes subissent une pression immense pour s’adapter à la croissance démographique et aux préoccupations environnementales. Les villes intelligentes relèvent ce défi en intégrant des technologies avancées pour améliorer les infrastructures, renforcer les services publics et favoriser un mode de vie durable. Cela permettra également de garantir l’inclusion tout en améliorant la qualité de vie des habitants.

                  Cinq grandes tendances façonnent l’avenir des villes intelligentes

                  Les réflexions suivantes sur les tendances qui transforment nos villes montrent qu’un nouveau chapitre de la vie urbaine est en train de s’écrire.

                  À mesure que les villes deviennent plus intelligentes, de nouveaux services numériques – tels que les réseaux intelligents, la mobilité à la demande ou la gestion intelligente de l’eau – réinventent les modèles et processus des services publics. En parallèle, ils génèrent une explosion sans précédent des flux et volumes de données. Les plateformes de données urbaines deviennent ainsi une infrastructure essentielle pour exploiter efficacement les données des villes, améliorer leur fonctionnement opérationnel et déployer des initiatives de ville intelligente à grande échelle. Ces plateformes permettent de connecter, d’analyser et de visualiser l’ensemble des données issues de systèmes variés au sein du tissu urbain. Ces données peuvent ensuite être partagées avec les services municipaux ou des entités privées, favorisant ainsi l’émergence de nouveaux modèles économiques innovants.

                  Dans le cadre du projet RUGGEDISED, les villes de Rotterdam, Umeå et Glasgow ont développé des plateformes de données urbaines pour répondre à des problématiques locales spécifiques. À Rotterdam, la Digital City Platform permet de divulguer et de visualiser la consommation énergétique en temps réel, ainsi que sur des périodes données (par bâtiment et à l’échelle d’un quartier). Un modèle 3D de la ville est connecté à cette plateforme et, combiné aux données en temps réel, il forme un jumeau numérique en trois dimensions. Ce jumeau numérique aide la ville à gérer les foules et les espaces publics, à optimiser la mobilité, la planification des réseaux électriques et thermiques, ainsi que la collecte et le traitement des déchets de manière plus économe en ressources.
                  Par ailleurs, les villes commencent à adopter un modèle fédéré d’espaces de données afin de faciliter un partage de données souverain et sécurisé, entre différents domaines urbains, entre villes et même à travers les frontières. Des initiatives financées par l’Union européenne, telles que le programme European Data Space for Sustainable and Smart Cities and Communities (DS4SSCC), ont permis de développer un cadre de gouvernance des données impliquant plusieurs parties prenantes. Cette initiative vise à créer un espace de données intersectoriel pour les gouvernements et leurs prestataires, afin de favoriser l’interopérabilité et améliorer la qualité des services aux citoyens. Plusieurs projets pilotes sont en cours dans le cadre du programme DS4SSCC, comme UrbanMind ou l’espace de données pour les flux de circulation, où plusieurs villes collaborent pour créer de la valeur ensemble.

                  Les jumeaux numériques et les technologies de l’Internet des objets (IoT) façonnent des opérations urbaines optimisées, alimentées par les données provenant des plateformes de données urbaines. En créant des modèles virtuels de villes, les urbanistes peuvent simuler et tester l’impact de nouveaux aménagements, identifier des problèmes potentiels, optimiser les services urbains et élaborer des politiques proactives pour prévenir les effets futurs. Grâce à la simulation, la surveillance et l’optimisation de divers éléments urbains, les jumeaux numériques aident les villes à trouver un équilibre entre croissance économique, efficacité opérationnelle et protection de l’environnement.

                  Selon leur niveau de maturité, les villes adoptent des solutions de jumeaux numériques allant de l’analyse descriptive à l’intelligence prédictive, en passant par la simulation de scénarios.
                  La plateforme Virtual Singapore est un jumeau numérique de la cité-État, fournissant un modèle 3D dynamique permettant aux utilisateurs de divers secteurs de développer des outils et applications avancés pour tester des concepts et services. Elle soutient également la planification, la prise de décision et la recherche sur des technologies innovantes afin de répondre à des défis complexes et émergents. Shanghai a développé un jumeau numérique étendu pour surveiller et gérer les opérations de la ville, notamment les flux de circulation, la consommation d’énergie et les conditions environnementales. Cette représentation numérique aide à optimiser l’aménagement urbain et à améliorer les services publics.
                  Comme prochaine évolution, les modèles de jumeaux numériques sont enrichis par des technologies immersives telles que la réalité augmentée (AR), la réalité virtuelle (VR) et la réalité mixte (MR), afin de fournir un contexte supplémentaire sur les éléments urbains. Une initiative mondiale autour du métavers pour les villes (Citiverse) a été lancée par l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Centre international de calcul des Nations Unies (UNICC) et Digital Dubai, afin de fournir un cadre et des lignes directrices pour les solutions de mondes virtuels appliquées aux villes. Les jumeaux numériques et les initiatives Citiverse redéfinissent les opérations urbaines en rendant les environnements urbains plus efficaces, résilients et centrés sur les citoyens.

                  Avec la fréquence croissante des événements météorologiques extrêmes, les villes doivent se préparer et investir dans la résilience de leurs infrastructures. Des systèmes de surveillance des inondations basés sur l’IoT aux analyses prédictives pour la gestion des catastrophes, les zones urbaines se concentrent sur la protection des personnes et des ressources. Les systèmes hydriques intelligents répondent aux défis comme la rareté de l’eau grâce à des méthodes innovantes de recyclage et de distribution. Les infrastructures physiques, comme les réseaux d’eau, n’ont pas été conçues à l’origine pour l’ère numérique. Pourtant, leur reconstruction est souvent exclue en raison des coûts énormes associés aux remplacements, même temporaires. Une solution consiste à moderniser ces actifs physiques en les adaptant aux infrastructures numériques, à l’aide de capteurs et de composants numériques télécommandés. Un excellent exemple est celui de Voies navigables de France, gestionnaire du réseau de voies navigables intérieures français.
                  Un autre exemple pertinent de stratégie d’adaptation climatique concerne la lutte contre les îlots de chaleur urbains (ICU). La ville de Paris, par exemple, a mis en œuvre des mesures significatives : plantation d’arbres, rénovation des célèbres toits en zinc, installation d’infrastructures publiques de rafraîchissement, afin de réduire l’accumulation de chaleur. De son côté, Séville s’est inspirée de techniques perses ancestrales en utilisant des systèmes qanat (réseaux d’irrigation souterrains), modernisés grâce à des énergies renouvelables, pour rafraîchir les bâtiments par circulation d’eau dans les murs. Ces initiatives illustrent les actions proactives que mènent les villes européennes pour atténuer les effets des îlots de chaleur urbains. Bien que le résultat soit physique, la modélisation numérique via les jumeaux numériques constitue la base sur laquelle les villes s’appuient pour agir.

                  Les gouvernements du monde entier ne se contentent plus de fixer des objectifs climatiques ambitieux : ils traduisent désormais ces engagements en résultats concrets. Le Pacte vert pour l’Europe (Green Deal européen) est une initiative emblématique, visant à faire de l’Union européenne le premier continent neutre en carbone d’ici 2050. Dans ce cadre, le programme REPowerEU, lancé en mai 2022, a atteint des jalons significatifs : pour la première fois, la production d’électricité issue de l’éolien et du solaire a dépassé celle du gaz, accompagnée d’une réduction de 18 % de la consommation de gaz en seulement deux ans.
                  Les gouvernements comprennent qu’ils doivent montrer l’exemple. L’Initiative mondiale des gouvernements vers le zéro émission nette (Net-Zero Government Initiative – NZGI), avec 18 pays partenaires, a fixé des objectifs rigoureux pour atteindre la neutralité carbone dans les opérations des agences publiques d’ici 2050. Cette initiative repose sur des mesures stratégiques telles que l’utilisation d’électricité sans pollution carbone, la construction de bâtiments à zéro émission, des opérations neutres en carbone, des véhicules sans émission, des infrastructures résilientes au climat et l’adoption de pratiques d’économie circulaire. Les progrès sont visibles : l’Australie a réduit de plus de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) dans les opérations gouvernementales en 2022 par rapport à l’année précédente.

                  L’organisation ICLEI – Gouvernements locaux pour la durabilité est un réseau mondial regroupant plus de 2 500 collectivités locales et régionales engagées dans le développement urbain durable. Présente dans plus de 125 pays, cette organisation influence les politiques de durabilité et soutient l’action locale en faveur d’un développement zéro émission, fondé sur la nature, équitable, résilient et circulaire.
                  Les agences municipales s’appuient de plus en plus sur les principes de l’économie circulaire, en transformant les déchets en matières premières et en encourageant des modèles économiques innovants. Amsterdam est une ville pionnière dans le développement urbain durable et circulaire. Elle concentre ses efforts sur trois chaînes de valeur : les flux de déchets alimentaires et organiques, les biens de consommation et l’environnement bâti. Elle suit en permanence ses avancées à l’aide d’un indicateur de suivi de l’économie circulaire.
                  Malgré des progrès notables, les gouvernements font face à plusieurs obstacles, tels que des contraintes budgétaires, des structures institutionnelles cloisonnées, une résistance culturelle au changement et la complexité de la mesure et du reporting des progrès. Surmonter ces freins exige une combinaison de volonté politique, de collaboration inter-agences, d’investissement dans l’innovation et de partenariats public-privé solides. Le partage des bonnes pratiques à l’échelle mondiale sera crucial pour affiner les stratégies de durabilité et atteindre les objectifs à long terme.

                  Les technologies liées à la santé environnementale vont occuper une place centrale dans la planification urbaine. Après tout, les villes sont conçues pour que les êtres humains y prospèrent. Des capteurs seront utilisés pour surveiller la qualité de l’air, la pollution sonore et d’autres facteurs qui influencent le bien-être. Des outils de santé prédictive guideront le développement d’espaces favorisant des modes de vie plus sains. Une étude antérieure a montré un retour sur investissement rapide, avec des économies estimées entre 485 et 700 € par habitant, selon EIT Urban Mobility.
                  Cependant, une fracture démographique majeure est en train d’émerger, divisant les centres urbains en deux camps distincts : les villes âgées et les villes jeunes. Les villes vieillissantes, principalement situées dans les pays à revenu élevé et certaines régions du monde en développement, font face à une crise démographique. Les systèmes de transports publics, les infrastructures piétonnes, voire le logement, doivent être réaménagés à grand coût pour répondre aux besoins d’une population vieillissante. Sur le plan économique, ces villes doivent composer avec une main-d’œuvre en diminution qui supporte le poids croissant des systèmes de retraite et des dépenses de santé. Pour répondre à ce défi, le Japon explore le développement de robots pilotés par l’IA, comme AIREC, conçus pour aider dans des tâches telles que le transfert de patients, la cuisine ou encore le pliage du linge. Pendant ce temps, les villes jeunes vivent la situation inverse. Leurs marchés du travail sont dynamiques, soutenus par des politiques favorisant l’éducation, l’emploi et l’esprit d’entreprendre. Mais ces villes ne sont pas exemptes de difficultés croissantes : pollution, congestion, stress urbain, ainsi qu’une augmentation des troubles respiratoires et de la santé mentale chez des populations jeunes et sous pression. Une solution innovante est testée en Nouvelle-Zélande : un réseau de transport par câble de type gondole, peu coûteux et flexible, qui pourrait séduire les jeunes résidents à la recherche de solutions de mobilité efficaces et durables.

                  La voie à suivre : défis et opportunités

                  L’avenir de la vie urbaine dépendra de la capacité des villes à adopter et intégrer efficacement ces innovations technologiques. Bien que les avantages potentiels soient considérables — meilleure gestion des ressources, réduction de l’impact environnemental, amélioration de l’expérience citoyenne —, la réussite repose sur l’engagement politique, l’adhésion de la société et l’usage éthique des technologies.

                  En 2025, les villes intelligentes ne se contenteront pas d’innover ; elles viseront également à créer des communautés inclusives, résilientes et durables. En tirant parti des technologies qui transforment aujourd’hui l’urbanisme, nous pouvons bâtir des villes qui prospèrent en harmonie avec les citoyens et la planète.

                  Notre expert

                  François Devif

                  Directeur de la BU Services & Public Sector, Capgemini
                  François est Directeur de la BU Services & Public Sector pour la France. Il a rejoint le groupe Capgemini en 2008 et a consacré ses 9 premières années à développer l’offre Santé en tant que Vice-président Head of Helthcare France. De 2018 à 2022, il devient Vice-président exécutif et Directeur de la MU Santé Social Emploi. En 2023, il devient Directeur de la MU Ministères, puis Directeur de la BU SPS en 2024. Il possède une riche expérience dans les secteurs de la technologie et du conseil, avec une spécialisation marquée dans le domaine de la santé et du social, illustrant ainsi une grande polyvalence sur les divers portfolios.

                    Pour aller plus loin

                    Secteur public

                    Le secteur public mène une transformation vers un futur qui sera résolument plus numérique et durable,

                    La montée en puissance, un impératif stratégique pour l’industrie de la Défense

                    Andreas Conradi, Matthieu Ritter, Elodie Régis et Frédéric Grousson
                    13 juin 2025

                    Derrière le buzzword : les vrais enjeux du « production ramp-up »

                    Les conflits armés actuels rappellent de façon brutale l’importance de disposer, en grande quantité, d’armements, de personnels et de munitions. Un défi majeur pour les industriels européens de la Défense, traditionnellement centrés sur des systèmes d’armes complexes et hautement technologiques, produits en petites séries.
                    Comment franchir le cap de l’industrialisation de masse ? Quelles solutions mettre en œuvre à court terme pour augmenter la production des équipements existants ? Et comment repenser le cycle produit en intégrant plus fortement les problématiques de manufacturing et de montée en cadence ?

                    Acceleration de la production, un objectif qui prend du temps

                    La montée en cadence industrielle n’est pas un enjeu nouveau pour les acteurs de la Défense, en particulier dans l’aéronautique et le spatial. Depuis des années, la gestion de la production constitue un défi central. Mais les conflits récents – en premier lieu la guerre en Ukraine – en ont ravivé l’urgence, en rappelant la réalité de la haute intensité et la nécessité de produire en masse.

                    Cette exigence s’impose désormais à des industriels européens historiquement orientés vers des équipements technologiques de pointe, produits en petites séries, principalement pour l’export. L’appareil productif doit aujourd’hui s’adapter à une nouvelle donne, tout en faisant face à des contraintes lourdes : des chaînes de production conçues pour la précision, non pour le volume, et des designs hérités des années 1980-1990, souvent peu compatibles avec les outils numériques et les méthodes de fabrication modernes.

                    Répondre à cet impératif implique une transformation en profondeur des modèles industriels, des processus de conception aux capacités de fabrication.

                    « Le secteur de la Défense doit passer d’une forme d’artisanat de petites séries à haute valeur technologique à une industrialisation forte. Si je devais faire une analogie, je dirais qu’il s’agit de passer de l’horlogerie de grand luxe au mass market premium. » analyse Andreas Conradi, Responsable du secteur Défense en Europe.

                    De nombreux industriels opérant à la fois sur les marchés civils et militaires ont historiquement concentré leurs efforts sur les segments civils, portés par une forte dynamique de croissance (naval, aéronautique, spatial, etc.). Cette orientation s’est accompagnée d’un cloisonnement marqué entre activités civiles et militaires — renforcé à la fois par les exigences du secret-défense et par des facteurs culturels — limitant les transferts d’expérience et les synergies industrielles entre les deux mondes.

                    Dans ce contexte, répondre à la hausse actuelle de la demande nécessite de réactiver des chaînes de production et d’augmenter les cadences, un processus long et difficilement compressible. Les délais sont aggravés par la perte de compétences critiques (retraite, externalisation, effets post-COVID) dans un secteur à forte exigence technique, où le temps de montée en compétences est élevé. Les difficultés de recrutement sont, par ailleurs, accentuées par les obligations d’habilitation de sécurité – dont l’obtention peut durer jusqu’à un an – et par une image de la filière encore peu attractive auprès de certains profils.

                    Enfin, l’écosystème reste très fragmenté, avec un tissu dense de PME aux capacités d’investissement limitées. Cela freine la montée en puissance de la supply chain, d’autant plus que la continuité numérique entre les acteurs demeure faible, rendant difficile le suivi par les grands donneurs d’ordre. Pour Matthieu Ritter, directeur du segment Aerospatiale et Défense en France, « on observe néanmoins un mouvement de concentration de la filière qui devrait s’amplifier, autour de gros industriels et de l’arrivée de fonds d’investissements dédiés. Mais tout cela prend du temps. »

                    Entre lean et pragmatisme numérique

                    La montée en puissance de la production est, selon Andreas Conradi, « sans doute la problématique la plus complexe pour le secteur de la Défense, car vous devez tout changer : de la façon dont vous qualifiez le besoin, à la gestion des pièces détachées, en passant par la façon de designer les systèmes, de les produire, d’organiser la supply chain, etc. »

                    Face à cet obstacle majeur, trois leviers peuvent être activés à court et moyen termes :

                    1. Le premier concerne l’augmentation des capacités, combinée à des gains de productivité par ligne d’assemblage, grâce au retour des démarches lean. De nombreux projets de ramp-up ont ainsi été lancés, comme l’ajout d’équipes supplémentaires pour passer aux 3×8. Cependant, pour Elodie Régis, VP Aerospace & Defense chez Capgemini Invent, « ce levier a déjà été activé dans la plupart des organisations, avec des résultats limités par les difficultés de recrutement et aussi car c’est tout l’écosystème de la production qu’il faut mobiliser (logistique, service qualité, mais aussi équipes de maintenance, méthodes etc.) ».
                    2. Le deuxième levier consiste à élargir les lignes existantes en dédoublant certaines stations identifiées comme des goulots d’étranglement. « On est cependant déjà sur un niveau de travaux plus important à mener sur les bâtiments, les réseaux, et une complexité pour les réaliser tout en continuant la production », précise encore Elodie Régis.
                    3. Le troisième levier, complémentaire des deux précédents, concerne l’organisation globale de la production : réduire le chemin critique avec les fournisseurs, consolider la supply chain, et intégrer des éléments de transformation numérique lorsqu’ils apportent rapidement des gains de productivité sans risque pour les capacités, etc. On observe ainsi la mise en place d’architectures de « source unique de vérité » (single source of truth), avec une consolidation de l’ensemble des acteurs du ramp-up dans un datalake unique, sécurisé et partagé. Cette approche permet d’exploiter au mieux les données disponibles, de faciliter la planification et le suivi des pièces, outillages, compétences et opérations, d’identifier les points de rupture et zones à risque dans la supply chain, de mettre en place des démarches de « Supplier recovery » et de gagner quelques précieux points de productivité.

                    « Au final, la construction de nouvelles usines ou de nouvelles lignes de production s’inscrit tellement dans le temps long qu’elle ne peut pas constituer la seule réponse aux besoins de ramp-up immédiats du secteur de la Défense et de l’armement », conclut Elodie Régis.

                    Apprendre d’aujourd’hui pour mieux préparer le futur

                    Les programmes industriels de Défense doivent intégrer des exigences technologiques, techniques et sécuritaires particulièrement élevées, qui n’ont pas toujours pris en compte certaines contraintes industrielles. L’un des défis majeurs des futurs programmes sera de réconcilier et d’aligner plus étroitement les univers de l’ingénierie et du manufacturing afin de simplifier et standardiser les designs. Cela passe, par exemple, par l’intégration des bonnes pratiques du secteur civil, le recours à une ingénierie système basée sur le modèle (MBSE), l’utilisation de la simulation et des outils collaboratifs, ainsi que par l’exploitation des innovations numériques récentes — telles que l’intelligence artificielle générative et le cloud — avec la continuité numérique au cœur du processus.

                    Le secteur de la Défense doit également anticiper et intégrer de nouvelles contraintes dans sa feuille de route pour réussir la montée en cadence, notamment :

                    • la place des démarches low cost / systèmes « jetables » (drones, etc.), qui bousculent les mentalités traditionnelles,
                    • l’économie circulaire, pour répondre aux futures tensions sur les ressources stratégiques (acier, titane, aluminium, etc.) entre secteurs civil et militaire,
                    • la rationalisation de chaînes d’approvisionnement longues et vulnérables, avec des enjeux forts de souveraineté.

                    Cela implique un changement profond des modes de collaboration, particulièrement entre industriels, mais aussi un travail sur l’humain : renforcer le sens donné aux missions, faire évoluer les mentalités dans un univers d’ingénieurs ultra-spécialisés, et développer les compétences des collaborateurs pour gagner en agilité. Cette évolution est essentielle pour s’adapter plus efficacement aux besoins militaires et au contexte géopolitique en constante mutation.

                    Auteurs

                    Andreas Conradi

                    EVP, Directeur Europe Défense
                    Depuis mars 2023, Andreas est à la tête du segment Europe Défense chez Capgemini. À ce titre, il est responsable des activités de Capgemini avec l’industrie de la défense ainsi qu’avec les ministères de la Défense et les forces armées en Europe et à l’OTAN. Andreas est un expert confirmé du secteur, avec une expérience soutenue en tant que haut fonctionnaire à la tête du ministère allemand de la Défense, notamment en tant que Directeur du Cabinet de la ministre de la Défense Ursula von der Leyen. Il dispose d’une compréhension approfondie de la structure et du fonctionnement du secteur de la défense public et privé en Europe.

                    Matthieu Ritter

                    Head of Market Unit Aerospace & Defense France
                    Matthieu est titulaire d’un Master en Ingénierie Aéronautique de l’ENSPIMA, Institut Technologique de Bordeaux (INP) et a plus de 15 ans d’expérience sur le marché Aerosapace & Defense où il a fourni des solutions intégrées depuis les activités d’ingénierie jusqu’à la maintenance, la modification et la gestion de fin de vie des avions. Matthieu a rejoint Capgemini en 2018 et accompagne depuis nos clients de l’industrie A&D. Depuis janvier 2024, Matthieu est Head of Market Unit Aerospace & Defense France.

                    Elodie Régis

                    VP Aerospace & Defense, Capgemini Invent
                    Elodie est responsable de deux sujets principaux chez Capgemini, la montée en puissance de l’industrie aérospatiale et défense et Skywise. Elle a une expérience variée, notamment en tant que directrice de la qualité dans une usine de l’industrie automobile et en tant que consultante pendant 17 ans. En tant que Vice-présidente, elle s’attache à aider les clients à exploiter la puissance des données en soutenant l’accélération numérique.

                    Frédéric Grousson

                    Head of Aeronautic industry, Capgemini Engineering

                      Pour aller plus loin

                      Aéronautique et défense

                      Pour préparer leur avenir, les acteurs du secteur doivent tenir compte de la reprise massive du trafic aérien.

                      Comment tracer une voie vers un cloud durable ?

                      Skander Guetari
                      11 juin 2025

                      Le cloud s’est imposé comme un levier incontournable de la transformation numérique des entreprises. Néanmoins, les stratégies numérique responsable se heurtent encore au manque de transparence du secteur. Le défi pour les fournisseurs de cloud est de fournir aux entreprises une visibilité claire sur leur consommation d’énergie et de ressources.

                      L’empreinte environnementale des services d’informatique en nuage est un sujet de plus en plus crucial dans le contexte actuel de transition écologique. En tant que directeurs informatiques, il est essentiel de comprendre les considérations et les principes fondamentaux qui sous-tendent cette problématique pour orienter efficacement leurs stratégies et décisions. Le décret d’application article 33-II de la loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique (ou « PJL SREN ») est en cours d’élaboration pour contraindre les cloud providers à plus de transparence. Mettre en place des mesures concrètes pour réduire l’empreinte carbone des déploiements dans le cloud et collaborer efficacement avec les Hyperscalers est désormais un levier stratégique. Cela permettra non seulement de renforcer l’image de marque et la performance financière, mais aussi de répondre aux exigences réglementaires croissantes.

                      Ignorer ces enjeux pourrait entraîner des conséquences néfastes, tant sur l’environnement que sur la réputation des entreprises. Il ne s’agit plus seulement de surveiller la consommation énergétique : les impacts sur les ressources en eau, notamment dans les zones soumises au stress hydrique, ou encore la pollution sonore générée par les centres de données, deviennent des préoccupations croissantes – en particulier avec l’essor massif de l’IA générative, qui repose largement sur le cloud.

                      L’arbre qui cache la forêt : la nécessité d’une évaluation des fournisseurs de cloud.

                      La hausse des coûts et la pression croissante sur les objectifs de durabilité renforcent l’urgence d’optimiser à la fois les dépenses et l’empreinte carbone. L’intégration des enjeux ESG (ou la RSE) s’impose désormais comme une priorité stratégique pour les comités exécutifs, avec le cloud comme catalyseur des initiatives durables. En effet, dans les principaux défis des organisations, la gestion des dépenses cloud a même dépassé la cybersécurité. Pourtant (et pour illustration), près de 27% des ressources cloud seraient gaspillées actuellement (source : The Flexera 2025 State of the Cloud Report, mars 2025).

                      D’où l’importance de collecter, structurer et comparer les données d’empreinte carbone des différents fournisseurs, idéalement via un cadre méthodologique unifié et une boîte à outils dédiée.

                      Mesurer l’impact de sa migration vers le cloud – les indicateurs pertinents.

                      Mesurer son empreinte carbone tout au long du cycle de vie est essentiel – tout comme partager les données pertinentes au sein des équipes informatiques – afin qu’elles puissent toujours prendre en compte les critères environnementaux en fonction des ressources cloud réellement nécessaires pour vos applications.

                      Cependant, obtenir des données transparentes sur la consommation d’énergie et les émissions carbone des fournisseurs cloud représente de nombreux défis. Il est crucial que les entreprises gèrent leurs activités de manière responsable et transparente, avec un protocole clair couvrant l’ensemble de leur chaîne de valeur – de la création de leur « zone d’atterrissage » à leurs opérations dans le cloud (également appelées GreenOps) et au-delà.

                      En surveillant ces indicateurs, les organisations peuvent identifier des axes d’amélioration et prendre des mesures pour favoriser une expérience de cloud computing plus durable.

                      Les indicateurs essentiels pour mesurer la durabilité devraient inclure :

                      Listes des indicateurs essentiels pour mesurer la durabilité du cloud
                      • Efficacité Énergétique : L’efficacité énergétique est un autre principe fondamental. Les centres de données, qui sont au cœur des services cloud, consomment une quantité significative d’énergie. Il est donc crucial de suivre des indicateurs tels que le Power Usage Effectiveness (PUE) et l’Energy Reuse Efficiency (ERE) pour optimiser la consommation énergétique. Une gestion efficace de l’énergie peut non seulement réduire les coûts opérationnels mais aussi minimiser l’empreinte carbone.
                      • Gestion de l’Eau : La gestion de l’eau est également une considération importante, notamment pour le refroidissement des centres de données. L’indicateur de Water Usage Effectiveness (WUE) permet de mesurer l’efficacité de l’utilisation de l’eau et d’identifier les opportunités d’amélioration. Une utilisation responsable de l’eau contribue à la durabilité des opérations et à la préservation des ressources naturelles.

                      Choisir le bon partenaire pour une évaluation durable

                      En tant que leader technologique, il est crucial de s’entourer d’un partenaire engagé dans une approche durable. Capgemini recommande de fonder ce choix sur trois critères clés :

                      1. Engagements environnementaux : Évaluer les engagements environnementaux et les certifications de ses fournisseurs de cloud potentiels. Ils doivent déjà avoir mis en œuvre des pratiques durables telles que l’utilisation de sources d’énergie renouvelables, la réduction des émissions carbone et l’optimisation de l’utilisation des ressources.
                      2. Capacité à optimiser les ressources : Examiner attentivement le cycle de vie de leurs applications et infrastructures cloud. Cela inclut le choix de services cloud durables et économes en énergie, ainsi que l’optimisation de l’allocation des ressources pour réduire sa consommation d’énergie.
                      3. Suivi continu de l’empreinte carbone : S’assurer de leur capacité à s’engager à surveiller et à rendre compte régulièrement de l’empreinte carbone liée au cloud. Ils doivent également manifester un fort désir de toujours chercher à réduire les émissions à travers des initiatives d’amélioration continue et d’innovation, tout en fournissant des informations détaillées et des rapports sur les progrès réalisés.

                      Prendre son envol vers un cloud durable

                      Adopter une stratégie cloud durable, c’est bien plus qu’un choix technologique : c’est un engagement à long terme en faveur de la transparence, de l’efficacité énergétique, de la gestion responsable de l’eau, de la collaboration et de l’innovation. En intégrant ces considérations dans leurs stratégies, les entreprises peuvent non seulement améliorer leur performance financière mais aussi réduire leurs impacts environnementaux.

                      Le sujet est vaste, complexe et en constante évolution. En attendant la mise en place de labels officiels, comme ceux en cours d’élaboration par l’AFNOR, il est essentiel de s’entourer d’un partenaire de confiance. Celui-ci pourra accompagner les organisations dans l’évaluation, la gestion et l’amélioration continue de leurs déploiements cloud avec une perspective durabilité et maîtrise des coûts.

                      Auteur

                      Skander Guetari

                      Expert en Infrastucture Transformation Services, Capgemini
                      Skander Guetari est docteur en Informatique de Paris 6. Il a travaillé pendant 13 ans chez IBM en tant qu’architecte spécialisé dans le design de l’infrastructure pour des projets e-business de plusieurs clients du CAC40. Il s’est toujours intéressé aux nouvelles technologies qu’il a systématiquement intégrées dans les solutions proposées afin de faire bénéficier ses clients des nombreux avantages de l’innovation. Aujourd’hui, ses missions s’articulent autour des solutions d’architectures Cloud, Devops et d’Intelligence artificielle.

                        Adopter des technologies durables

                        Minimisez votre impact environnemental en adoptant des technologies durables.

                        L’architecture de connectivité, la colonne vertébrale de l’industrie dans un monde incertain

                        Solène Joulin, Cyril Croix, Nicolas Bertet
                        6 juin 2025
                        capgemini-engineering

                        Un soudain engouement des consommateurs, une brusque rupture de la chaîne d’approvisionnement, un changement des règles commerciales sont autant d’aléas rencontrés par les acteurs industriels. Pour y faire face, ils ont besoin de renforcer leurs capacités de pilotage et d’adaptation :

                        • D’abord au niveau de la production pour pouvoir réagir rapidement au moindre imprévu, optimiser les processus, réduire les coûts, personnaliser les produits, minimiser l’empreinte environnementale.
                        • Mais aussi au niveau  des instances de gouvernance pour disposer de la visibilité et des leviers d’action globaux qui permettront de mutualiser les ressources, standardiser les méthodes, affiner les prévisions, consolider les chiffres et répondre aux exigences réglementaires.

                        Pour tout cela, les industriels doivent disposer de connaissances précises donc de données. Des données qui doivent être fiables, pertinentes et couvrir un large spectre métier. Des données qui doivent aussi être standardisées et homogènes pour qu’il soit possible de les comprendre, de les agréger, de les comparer, de les analyser en temps réel. À chaque étage de l’organisation, ces données et leurs apprentissages permettront de décider mieux et plus vite, et d’aller chercher des gains d’efficacité sur tous les axes de performance : business, productivité, maîtrise des risques, environnement… « Dans tous les domaines, la donnée est désormais le moteur de nos progrès », confirme Olivier Chapel, Organisation Group Manager et Industry 4.0 chez L’Oréal.

                        Deux exigences : une infrastructure pour faire circuler les données…

                        Pour accélérer sur la route de la data, l’infrastructure de communication (capteurs, réseaux, protocoles standards…) est la première étape obligatoire pour recueillir les données, les acheminer vers les personnes et les systèmes (de mise en forme, d’analyse, de stockage) appropriés, et faire redescendre les instructions, humaines ou automatiques, jusqu’aux machines. Cette infrastructure doit présenter un haut niveau de performance, de robustesse et de sécurité tout en étant suffisamment standard, ouverte et évolutive pour épouser les spécificités de l’outil de production et accompagner durablement ses transformations. Elle sera basée sur des événements et le plus souvent hybride, multi-niveaux, depuis l’edge computing, installé sur site pour être au plus proche des équipements lorsqu’il faut minimiser la latence, jusqu’au cloud, pour bénéficier de son ubiquité, de sa puissance et de ses innovations.

                        … et un référentiel pour les normaliser

                        Cependant, cette infrastructure matérielle ne suffit pas. Avec des machines d’époques et de fournisseurs différents, qui n’ont pas été conçues et implémentées pour les technologies et les enjeux d’aujourd’hui, les données brutes sont difficilement exploitables. Par exemple, il n’est pas toujours possible d’attribuer une surconsommation d’une utilité spécifique (eau, vapeur, électricité) à un équipement précis car les compteurs sont souvent communs. Si l’on veut pouvoir identifier la source exacte de la dérive, et prendre aussitôt les mesures qui s’imposent, on doit croiser diverses données de fonctionnement, et donc avoir au préalable rendu ces données compatibles et intelligibles. C’est pourquoi l’infrastructure de communication doit impérativement se doubler d’un cadre de référence afin de structurer, normaliser, localiser et contextualiser les données en dépit de la diversité des sources. Ce référentiel, basé sur les concepts d’ontologie et d’Unified Name Space (UNS), est ce qui permettra aux personnes comme aux systèmes d’intelligence artificielle de comprendre et d’exploiter les données.

                        Ces deux éléments – matériel et normatif – constituent les deux briques indissociables de l’architecture de connectivité de l’industrie numérique. Leur mise en œuvre conjointe se heurte cependant à un écueil majeur : la grande hétérogénéité de l’outil de production auquel il faut s’adapter tout en le perturbant le moins possible. Pour relever ce défi, la clé est d’avoir une méthodologie solide, associant les métiers et l’IT, afin de ne jamais perdre de vue ni l’objectif, ni le chemin pour l’atteindre.

                        L’expérience de tels projets pour de grands groupes industriels internationaux nous a permis de dégager quelques règles d’or :

                        • Installer une gouvernance transverse à haut niveau : La mise en place de l’architecture de connectivité est un projet crucial pour l’avenir de l’entreprise, qui pose des questions d’ordre stratégique. Ces arbitrages structurants – par exemple, entre ce qui devra être centralisé et standardisé, et ce qui pourra relever de décisions locales – doivent être pris très tôt et au niveau de la direction.
                        • Procéder par étapes : Pour minimiser les risques et maximiser les chances de succès, il convient d’avancer pas à pas : développer et valider un PoV (Proof of Value), déployer un pilote dans une première usine, le fiabiliser et valider en conditions opérationnelles, puis généraliser la solution à l’ensemble des sites en ayant, pour chacun, une stratégie de déploiement adaptée à ses spécificités.
                        • Sécuriser le déploiement : Grâce aux jumeaux numériques, aux environnements de simulation, aux technologies immersives, il est possible de simuler très précisément l’environnement de l’usine pour tester le pilote, évaluer ses impacts et aplanir tous les obstacles à son intégration et à son adoption de manière à pouvoir le déployer en toute confiance et sans risque.
                        • Penser à long terme : Il ne faut pas perdre de vue que l’on ne recommencera pas de sitôt une telle transformation et que l’infrastructure connectée d’aujourd’hui devra pouvoir supporter les paradigmes industriels de demain. Plus elle sera standard, ouverte et scalable, plus on disposera de marges d’évolution et d’innovation. Dans cette perspective, un environnement de simulation permettra aussi de tester des idées nouvelles et d’évaluer l’intérêt de cas d’usage inédits ou de technologies émergentes.
                        • Veiller à la conduite du changement : Dans l’industrie, la transformation numérique vient parfois bousculer des habitudes et des façons de faire profondément ancrées. Pour minimiser les pertes d’efficacité et les réticences qui pourraient en découler, et inculquer les nouvelles compétences requises, avoir une solide stratégie d’accompagnement du changement, à laquelle les équipes seront associées dès le départ, est indispensable.
                        • Bien choisir ses quick wins : En démontrant par des résultats rapides et tangibles le bien-fondé de la démarche, les premiers cas d’usage sont souvent décisifs dans l’appropriation du changement. Le choix de ces quick wins est d’autant plus fondamental ici qu’ils doivent pouvoir parler à toute l’organisation. La consommation énergétique est à cet égard un bon candidat car c’est un enjeu palpable, porteur, qui intéresse tout le monde, de l’opérateur à la direction générale, et qui offre des marges de progrès aisément accessibles.

                        L’architecture de connectivité est la future colonne vertébrale de l’outil de production et l’incontournable levier de sa performance, de sa résilience et de son innovation dans un environnement de plus en plus complexe. Pour les entreprises industrielles, sa mise en œuvre doit être une priorité stratégique car elle seule leur permettra de faire face aux défis d’un monde fragmenté et incertain, et d’en saisir toutes les opportunités.

                        Auteurs

                        Solène Joulin

                        Senior Sales Manager, Capgemini Engineering
                        Solène a travaillé 20 ans dans l’industrie cosmétique, en développement et achats packaging, au sein des marques leader du secteur (L’Oréal, LVMH, Clarins, Estée Lauder). Elle a ensuite été Key Account Manager au sein du Groupe Gerresheimer, pour le compte client L’Oréal. Chez Capgemini Engineering, elle accompagne les clients dans leur transformation, qu’elle soit opérationnelle et/ou digitale, en cherchant la meilleure adéquation entre les savoir-faire de Capgemini Engineering et les besoins des clients.

                        Cyril Croix

                        Lead Solution Architect in Digital Manufacturing & Smart Factory Center of Excellence
                        Expert en transformation digitale et architecture d’entreprise avec une spécialisation en IIoT et en Innovation, Cyril allie expertise technique et vision business. Il accompagne ses partenaires dans la transformation de leurs systèmes d’information complexes en solutions agiles et performantes. Fort d’une solide expérience dans les domaines de l’Industrie 4.0, de l’urbanisation des SI, de la transformation digitale et de l’innovation technologique, il conçoit des architectures technologiques robustes, pensées pour répondre aux enjeux business actuels tout en anticipant ceux de demain.

                        Nicolas Bertet

                        Principal Digital Engineer
                        Chief Architect de Capgemini en Transformation Digitale, Intelligent Industry et Architecture Cloud, avec plus de 20 ans d’expérience en IT et 14 ans en Cloud Computing. Spécialiste Azure et AWS, il accompagne les grandes entreprises dans leur stratégie de modernisation IIoT/OT/IT vers le paradigme d’Intelligent Industry et optimisation des coûts. Fort d’une vision stratégique et technique, il interagit avec le C-Level et équipes techniques pour concevoir et piloter des transformations digitales complexes et innovantes.

                          Pour aller plus loin

                            Produits de grande consommation

                            Réinventer les produits de grande consommation à l’ère du commerce connecté.

                            Retail

                            Redéfinir la réussite : répondre aux attentes des consommateurs, rapidement et à grande échelle, à l’ère du commerce connecté.

                            Capgemini Engineering

                            Capgemini Engineering aide les entreprises innovantes du monde entier à libérer leur potentiel en R&D et à concevoir les produits et services de demain, grâce aux dernières technologies numériques et logicielles.

                              La banque de détail peut-elle rendre ses services si fluides et intégrés qu’ils en deviennent invisibles ? 

                              Guillaume Renaud, Laurent Gauzi, Stephen Minot et Henri Boulet
                              2 mai 2025
                              capgemini-invent

                              L’Invisible Banking, en s’appuyant sur le Cloud et l’APIsation, offre aux banques de détail le pouvoir de satisfaire les attentes des clients en offrant des services fluides, personnalisés et intégrés, transformant l’expérience bancaire en une interaction sans friction.

                              Le paysage de la banque de détail évolue plus rapidement que jamais, la technologie dans le secteur bancaire transforme les opérations et les attentes des clients sont de plus en plus fortes. 

                              Le World Retail Banking 2025 publié par le Capgemini Research Institute, et reflétant la vue de plus de 8 000 clients de l’industrie bancaire, démontre qu’attirer, engager et satisfaire les utilisateurs est fondamental pour naviguer dans cet environnement périlleux. 

                              Invisibiliser la banque de détail en 2025 à travers migration Cloud et APIsation. 

                              Dans ce contexte d’exigences clients de plus en plus fortes, les banques de détail doivent élaborer des stratégies opérationnelles efficaces pour adresser intelligemment ces demandes en constante évolution : 

                              • Expérience digitale fluide : une navigation sans friction, des services intuitifs et une sécurité renforcée
                              • Personnalisation : des offres sur mesure, un accompagnement adapté et un suivi proactif
                              • Transparence et réactivité : une gestion simplifiée, des frais clairs et des réponses rapides

                              Portées par les dernières avancées technologiques, l’Invisible Banking est une réponse clé aux besoins client. Cette approche vise à intégrer les services bancaires de manière transparente dans les activités quotidiennes des utilisateurs, sans nécessiter d’intervention humaine directe : 

                              • Paiements intégrés : simplification des paiements dans les parcours d’achat, où un simple clic suffit pour commander et payer
                              • Internet des Objets (IoT) : utilisation de dispositifs connectés (lunettes, bracelets) pour effectuer des paiements sans carte bancaire ou smartphone 
                              • Embedded Banking : intégration de services bancaires dans des parcours non bancaires, comme la bancassurance intégrée dans des achats de véhicules 
                              • Recommandations financières en temps réel : assistants virtuels fournissant des conseils financiers personnalisés basés sur les données collectées 

                              Afin de répondre à ces promesses de l’Invisible Banking, les organisations doivent extraire la valeur du Cloud et de l’APIsation, à travers flexibilité et interconnexion de systèmes.  

                              Capgemini Invent vise à soutenir les entreprises dans l’adoption de ces technologies. Les cas d’usages doivent être priorisés par la valeur et soutenus par une infrastructure technologique adaptée, pour garantir l’intégration transparente des services financiers dans les activités quotidiennes, rendant les transactions sans frictions et fluides. 

                              Retour sur expérience : la transformation Cloud d’un acteur majeur de la banque de détail pour soutenir sa transformation vers l’Invisible Banking 

                              Une démarche de transformation cloud orientée valeur 

                              Un acteur majeur de la banque de détail, accompagné par Capgemini, a su déployer la transformation de son cloud, à travers une approche en 3 temps :  

                              1. SCAN : une évaluation approfondie de la maturité des services cloud préexistants et des besoins spécifiques a été réalisée 
                              2. FOCUS : une feuille de route de migration détaillée a été définie, intégrant les impacts financiers et opérationnels 
                              3. ACT : un modèle opérationnel adapté a été mis en place, avec les outils et processus nécessaires à l’adoption du cloud. Enfin, cela s’accompagne d’un programme de transformation cloud de bout en bout, incluant la gouvernance et le cockpit, la réalisation de la valeur, la gestion de la demande et l’autorité de conception 

                              Cette approche axée sur la valeur a permis une transition en douceur vers le cloud, avec des coûts réduits, une efficacité améliorée et une valeur significative créée pour l’organisation. 

                              Déverrouillage des potentialités via l’APIsation 

                              En parallèle de la transformation Cloud, l’intégration des API est clé afin de mettre en place une structure d’Invisible banking. Capgemini Invent accompagne ses clients vers l’APIsation au travers d’une approche toujours centrée vers la valeur métier. 

                              Une communication fluide entre les systèmes bancaires et les applications tierces est ainsi permise pour offrir des services financiers intégrés dans la vie quotidienne des utilisateurs : 

                              • Intégration de tiers : les API permettent aux banques de collaborer avec les fintechs et autres partenaires pour offrir des services financiers transparents. Par exemple, un service de paiement peut être intégré dans une application afin de permettre aux utilisateurs de payer sans avoir à passer par leur interface bancaire 
                              • Distribution multicanale : les services bancaires peuvent être accessibles à travers les API via divers dispositifs connectés, comme les smartphones et les appareils IoT, assurant une disponibilité continue 

                              Pour en savoir plus sur la transformation du parcours client et de la banque de détail en 2025, retrouvez ici le World Retail Banking 2025 publié par le Capgemini Research Institute. 

                              Auteurs

                              Guillaume Renaud

                              Partner CIO Advisory – Head of Cloud, I&O Transformation & GenAI for Software Engineering, Capgemini Invent​
                              Guillaume dirige la practice Cloud Business Transformation et les offres autour de Générative AI pour les domaines IT. Guillaume est un expert du Cloud Public et du Cloud de Confiance, il a accompagné de nombreux clients dans leur programme de transformation I&0 en mode platform et a participé à la création de BLEU.

                              Laurent Gauzi

                              Vice président au sein de la division Business Technology de Capgemini Invent France, Laurent Gauzi a plus de 25 années d’expérience en transformation d’organisations dans le secteur banque (plans stratégiques IT et de performance, pilotage de programme métier et IT) et l’assurance (plateformes digitales/data et plans d’optimisation). Il couvre notamment les sujets tels que la stratégie IT, le Cloud et la data, la modernisation des SI. Il anime la tribu Financial Services au sein de Business Technology de Capgemini Invent France

                              Stephen Minot

                              Managing Consultant, Business Technology Capgemini Invent​
                              Stéphen est spécialisé dans la Transformation des Systèmes d’Information au sein des grandes institutions financières depuis plus de 8 ans, sur les activités de banque de détail et des services financiers spécialisés. Il est notamment expert des sujets de gouvernance de la DSI, de pilotage de grands programmes de transformation et de réalisation de modèles opérationnels liés au pilotage des Productions Informatiques.​

                              Henri Boulet

                              Consultant Business Technology, Capgemini Invent​
                              Consultant chez Capgemini Invent, Henri travaille auprès des DSI du secteur financier sur leurs activités conformité, Cloud, et Retail, contribuant à la réussite de leurs transformations IT.​

                                Pour aller plus loin

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                                    L’écoconception de services numériques à l’épreuve du terrain

                                    Nicolas Chollet
                                    27 mai 2025

                                    Quels apports du Référentiel Général de l’Écoconception des Services Numériques (RGESN) au quotidien des projets IT ? Un retour d’expérience sur l’application du référentiel qui vise à réduire la consommation de ressources informatiques et énergétiques.

                                    Peu à peu, l’écoconception fait son chemin au sein des organisations IT qui commencent à en percevoir tous les avantages. Car des services plus frugaux et plus durables ne sont pas seulement meilleurs pour l’environnement : bien souvent, ils sont aussi moins coûteux à exploiter et à maintenir, plus fluides et plus portables pour les utilisateurs, plus en phase avec les stratégies et les discours RSE de l’organisation…

                                    Dans le secteur public, ils contribuent aux exigences croissantes de sobriété numérique et au devoir d’exemplarité environnementale vis-à-vis des citoyens. Dans les transports, ils s’intègrent aux stratégies globales de réduction des émissions, d’efficience énergétique et d’amélioration de l’efficacité opérationnelle. De manière générale, l’écoconception figure de plus en plus fréquemment dans les appels d’offres des DSI tandis que nombre d’entre elles souhaitent également la généraliser en leur sein. 

                                    Pour cela, le Référentiel Général de l’Écoconception des Services Numériques (RGESN), élaboré par l’Arcep et l’Arcom en collaboration avec l’ADEME, la DINUM, la CNIL et l’Inria, constitue une excellente base. Ce référentiel, qui n’a pas (encore) un caractère contraignant, vise à accompagner les démarches d’écoconception sur quatre axes clés du numérique durable : allonger la durée de vie des équipements, limiter les mécanismes incitant à des usages immodérés, restreindre la consommation de ressources et accroître la transparence environnementale. Après une première version publiée en 2022, le RGESN a évolué pour être encore plus proche des pratiques, du langage et des besoins des créateurs de services numériques. Sa deuxième version, publiée en mai 2024, comporte 78 critères répartis en 9 catégories, de la stratégie à l’hébergement en passant par l’interface utilisateur et les algorithmes. Chacun de ces critères se présente sous la forme d’une question à se poser, assortie de solutions pour réduire, puis évaluer l’impact environnemental du service considéré.

                                    Un nécessaire travail d’adaptation et d’appropriation.

                                    Malgré cette orientation résolument pratique, les organisations ont un important travail à réaliser pour s’approprier pleinement le RGESN et l’adapter afin qu’il se fonde dans la culture, les pratiques et l’outillage des collaborateurs. Pour ces derniers, en effet, l’écoconception ne doit pas être perçue comme une charge supplémentaire, mais comme un guide vers des choix plus optimaux. L’un des enjeux, en particulier, est de donner une cohérence et une visibilité globales à la démarche. Certains critères, en effet, peuvent venir en contradiction avec d’autres considérations (architecture, sécurité, expérience utilisateur…) ou bien avec des choix antérieurs, et il est important que chaque acteur ait une vue d’ensemble pour prendre des décisions éclairées. 

                                    Capgemini a très tôt intégré l’écoconception à son propre modèle, et c’est en nous basant sur cette expérience que nous avons pu accompagner plusieurs grandes organisations dans leur mise en œuvre du RGESN. Nous pouvons aujourd’hui tirer de précieux enseignements de ces projets sur plusieurs aspects clés.

                                    La motivation originelle : fixer et maintenir le cap.

                                    Dans le secteur public, la loi REEN et plusieurs directives gouvernementales encouragent fortement l’adoption du RGESN. Quant aux entreprises privées, celles qui répondent aux appels d’offres publics s’exposent de plus en plus fréquemment à des pénalités si elles ne le respectent pas. C’est aussi pour elles un atout en vue d’obtenir certains labels environnementaux. Malgré ces multiples incitations, le RGESN n’a pour l’heure aucun caractère obligatoire. Son application reste donc en général une démarche volontaire, qui répond à une ambition propre à l’organisation. Cette ambition doit être clairement exprimée dès le départ et portée par des sponsors de haut niveau. C’est ce qui permettra de donner un cap, un sens et une continuité à la mise en œuvre qui, sans cela, pourrait s’essouffler ou pâtir d’autres priorités. Chez un grand acteur des transports, par exemple, le principal objectif était de s’aligner sur son positionnement éco-responsable et anticiper les futures évolutions réglementaires ou les critère ESG. Pour une collectivité territoriale, il s’agissait avant tout de se montrer pionnière et exemplaire vis-à-vis de ses citoyens. Dans d’autres contextes, c’est l’optimisation des performances et la réduction des coûts IT qui peut s’en suivre, qui vont fixer le cap et lancer la démarche.

                                    L’analyse, le choix et le déploiement des critères : s’adapter au contexte.

                                    Comme il n’est pas envisageable, ni même pertinent, d’appliquer d’emblée la totalité du RGESN, cette ambition stratégique va aussi aider à sélectionner et prioriser les critères. Ceux-ci (une vingtaine environ pour débuter, par exemple) devront par ailleurs s’accorder au SI et à ses divers enjeux, être aisément solubles dans l’opérationnel et pouvoir apporter rapidement des résultats significatifs. Pour pouvoir être déployé, chaque critère doit être adapté au contexte de l’organisation. Une fiche d’analyse détaillera les acteurs concernés, leur rôle et leurs responsabilités, le moment où ils doivent le prendre en compte, les solutions préconisées, les indicateurs de suivi, les contrôles à mettre en place, etc.

                                    L’outillage : contrôler la mise en œuvre, suivre les progrès. 

                                    Pour s’assurer que les critères sont bien appliqués, il est important de déployer en parallèle des outils organisationnels (checklists) et techniques (tests automatisés dans le code). La mise en place de systèmes de mesure permet aussi de connaître les bénéfices de la démarche et de l’inscrire dans une perspective d’amélioration continue. La précision des indicateurs d’impact environnemental ainsi obtenus permet même d’envisager que d’indicatifs, ils puissent devenir contractuels.

                                    L’organisation : constituer une équipe de champions.

                                    Pour entretenir la démarche, aider les acteurs (qui n’ont pas tous vocation à être des experts) et faire remonter leurs observations, nous préconisons la création d’un réseau de référents au sein des équipes. Identifiés, compétents et disponibles, ces champions se révèlent souvent un relai efficace pour ancrer le changement sur le terrain. Ils doivent être motivés par le sujet et voir leur investissement reconnu.

                                    La formation : sensibiliser aux enjeux, inculquer les pratiques.

                                    La formation des acteurs constitue bien entendu l’un des volets majeurs du déploiement du RGESN. Son but est triple :

                                    1. Sensibiliser aux enjeux de l’écoconception – en général et pour l’organisation en particulier – afin de donner du sens à ces nouvelles exigences.
                                    2. Permettre à chacun de s’approprier les critères qui le concernent : ce qu’ils sont, ce qu’ils visent, ce qu’ils impliquent, comment et avec quels outils les mettre en œuvre…
                                    3. Faire en sorte que chacun devienne autour de lui un ambassadeur de la démarche pour renforcer la dynamique collective. Combiner les divers moyens à disposition – e-learning, webinaire, serious game… – permet de poursuivre ces trois objectifs grâce à une action à la fois large et ciblée.

                                    Le passage à l’échelle : le RGESN dans les organisations complexes 

                                    Pour un client du secteur public, Capgemini a été amené à mettre en place le RGESN au sein d’un consortium regroupant plusieurs prestataires, intervenant chacun avec ses méthodes et ses outils sur des portions distinctes d’un grand projet. Cette expérience a montré que le RGESN pouvait se ramener à un ensemble de principes communs et agnostiques, supportés par une gouvernance transverse, et produisant des indicateurs identiques que l’on peut ensuite consolider. Autrement dit, il est possible de passer le RGESN à l’échelle, ce qui ouvre des perspectives très intéressantes pour les organisations complexes, multi-acteurs et/ou décentralisées.

                                    S’il n’est pas encore coercitif, le RGESN pourrait le devenir et, à elle seule, cette éventualité devrait inciter les organisations à s’en emparer sans attendre. L’enjeu dépasse cependant la simple conformité à la réglementation ou le respect des exigences des donneurs d’ordre. Comme le montrent clairement nos retours d’expérience, avec un bon accompagnement, le RGESN passe haut-la-main le test du terrain pour livrer rapidement les très nombreux bénéfices de l’écoconception, environnementaux et au-delà.

                                    Auteur

                                    Nicolas Chollet

                                    Architecte Solutions Principal
                                    Avec près de 20 ans d’expérience dans l’IT, Nicolas est expert sur les différentes facettes de l’architecture et de l’innovation. Il intervient sur des sujets d’architecture d’entreprises et solutions, en très grande partie dans le secteur du transport. Il a piloté de nombreux sujets de transformations majeures de systèmes d’informations, en intégrant « by design » les critères de développement durable, et intervient sur de nombreuses initiatives transverses autour de l’écoconception IT.

                                      Pour aller plus loin

                                      Ouvrir la voie en matière de développement durable

                                      Accélérer la durabilité dans un monde en pleine mutation.