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La moitié des enseignants du secondaire considèrent que l’IA générative présente plus de bénéfices que de risques pour l’éducation

Près de 60 % des enseignants pensent que savoir interagir avec des systèmes d’IA sera une compétence clé à l’avenir, mais beaucoup de lycéens ne pensent pas disposer des compétences requises pour le marché du travail du 21e siècle.

30 mai 2023

Paris, le 30 mai 2023Les nouveaux outils d’IA générative bouleversent le secteur de l’éducation et posent à la fois des défis et des opportunités pour les élèves et les enseignants. D’après le nouveau rapport du Capgemini Research Institute, Future ready education: Empowering secondary school students with digital skills’ (« Pour une éducation qui prépare à l’avenir : Equiper les élèves du secondaire en compétences numériques »), les élèves âgés entre 16 et 18 ans se sentent bien moins prêts pour le marché de l’emploi que leurs enseignants, en termes de compétences numériques. C’est notamment le cas de compétences clé comme la communication digitale et la culture des données.

Les systèmes éducatifs du monde entier prennent déjà des mesures pour intégrer ou exclure les outils d’IA générative, tels que ChatGPT, des activités quotidiennes des élèves. Près de la moitié (48 %) des enseignants du secondaire, par exemple, déclarent que leur établissement a bloqué ou restreint l’utilisation de ces outils sous une forme ou une autre. D’autres établissements, « précurseurs », ont adopté une approche moins restrictive : 19 % des enseignants déclarent que ces outils ont été autorisés pour des cas d’utilisation spécifiques et 18 % indiquent qu’ils sont encore en train d’évaluer leur applicabilité et leur utilité dans la salle de classe. Dans l’ensemble, plus de la moitié (56 %) des enseignants du secondaire considèrent que les programmes et les évaluations doivent être adaptés pour tenir compte de l’utilisation par les élèves des contenus générés par l’IA, et une proportion similaire (52 %) pense que les outils d’IA vont améliorer le métier d’enseignant.

Evaluer les risques et les bénéfices

Si beaucoup sont conscients du potentiel des outils d’IA générative, cela n’empêche pas 78 % des enseignants du secondaire dans le monde de s’inquiéter de l’impact négatif de ces outils sur les résultats d’apprentissage des élèves, notamment le fait que les compétences en écriture pourraient être moins valorisées (66 %) et qu’ils pourraient limiter la créativité de l’élève (66 %).

Malgré ces inquiétudes, la moitié des enseignants du secondaire dans le monde considèrent que le potentiel de l’IA générative en tant qu’outil pédagogique l’emporte sur les risques. Parmi les cas d’usage bénéfiques envisagés par les enseignants, on peut citer l’utilisation de l’IA pour enseigner comment interagir avec les modèles d’IA et les comprendre (60 %), pour faciliter les exercices de pensée critique (56 %) et comme outil pour suggérer des modifications aux travaux des élèves (52 %), entre autres.

Le sentiment à l’égard de l’IA générative varie considérablement d’un pays à l’autre : les enseignants aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Finlande sont plus prompts à reconnaître l’importance et le potentiel de l’IA générative qu’à Singapour, au Japon ou en France.

Equiper les étudiants en compétences de demain

Près de deux tiers (64 %) des enseignants du secondaire sont convaincus de l’importance de développer les compétences numériques des élèves pour les préparer au marché du travail. La grande majorité (82 %) reconnaît que l’enseignement obligatoire des compétences numériques serait bénéfique pour les élèves. Toutefois, le rapport souligne que les élèves ne sont pas aussi confiants que les adultes : 70 % des professeurs de lycée et 64 % des parents pensent que les élèves possèdent les compétences nécessaires pour réussir dans le monde du travail d’aujourd’hui, alors que seuls 55 % des élèves de 16 à 18 ans sont du même avis. L’étude révèle également qu’il existe un écart significatif sur ce point entre les enseignants des grandes villes (83 %) et ceux des zones rurales (40 %), et que les jeunes filles urbaines de 16 à 18 ans se sentent deux fois plus préparées que celles des zones rurales. Enfin, les enseignants des zones rurales sont moins nombreux à penser que la culture numérique est une priorité pour leur école que leurs homologues des zones urbaines et périurbaines[1].

Selon l’étude, si 72 % des élèves de 16 à 18 ans ont confiance en leurs compétences numériques de base[2], moins de la moitié (47 %) sont du même avis en ce qui concerne la communication numérique et la culture des données[3], compétences pourtant considérées comme essentielles pour réussir dans le monde du travail d’aujourd’hui. Le rapport souligne qu’il est essentiel de donner confiance aux élèves pour leur permettre de distinguer les faits de la désinformation sur internet. Si la majorité des étudiants (80 %) se disent capables de trouver des informations en ligne, ils sont moins nombreux à savoir à quelles sources en ligne se fier (66 %) et encore moins à être capables de distinguer les faits des opinions sur internet (61 %).

Dans la lignée de notre rapport de 2020 sur la Fracture Digitale, cette nouvelle étude identifie d’importants contrastes entre les écoles rurales et urbaines en matière de compétences numériques qui sont clés pour l’avenir.  Les technologies telles que l’IA générative façonnent de plus en plus notre monde et rendent les compétences digitales de base encore plus importantes. Mais nous sommes convaincus qu’elles sont aussi la clé pour combler les lacunes notamment grâce à des parcours d’apprentissage hyper-personnalisés et adaptés au rythme propre de chaque élève, a déclaré Shobha Meera, Directrice de la Responsabilité Sociale d’Entreprise chez Capgemini et Membre du Comité exécutif du Groupe. Chez Capgemini, nous nous efforçons de faire un usage responsable des nouvelles technologies pour continuer à renforcer les compétences numériques : près de 2 millions de personnes ont déjà bénéficié de nos programmes d’alphabétisation numérique depuis 2018, et nous sommes fiers de compter aujourd’hui 23 % des 26 000 diplômés de nos académies numériques parmi nos collègues. Nous espérons que les conclusions de ce rapport seront utiles et inspireront l’écosystème des acteurs qui s’attaquent à ce sujet dans notre quête commune d’un avenir plus durable et plus inclusif. »

Pour lire le rapport complet, cliquez ici: https://www.capgemini.com/insights/research-library/digital-skills-in-education

Méthodologie

Le Capgemini Research Institute a conduit cette étude en interrogeant un ensemble d’acteurs de l’éducation en Allemagne, Australie, Etats-Unis, Finlande, France, Japon, Pays-Bas, Royaume-Uni et Singapour, en mars-avril 2023. Les personnes interrogées incluent 1 800 professeurs de l’enseignement secondaire, 4 500 parents d’élèves de l’enseignement secondaire, et 900 élèves âgés de 11 à 18 ans. Tous les enseignants interrogés travaillent à plein temps au sein d’établissements secondaires publics ou d’Etat. Leurs domaines d’expertise ou disciplines d’enseignement couvraient les sciences, les mathématiques, les médias et les matières littéraires. Les parents interrogés dans chaque pays sont représentatifs de la population nationale en matière de revenus. Tous les étudiants âgés de 18 ans ou moins ont été interrogés avec l’accord d’un de leurs parents répondants.


[1] Seuls 67 % des enseignants en zone rurale déclarent que l’alphabétisation numérique est importante, contre 81 % en zone périurbaine et 94 % en zone urbaine.

[2] Dans ce rapport, nous définissons « compétences numériques » comme les compétences dans quatre catégories, et non pas seulement comme la capacité à naviguer ou poster des photos/vidéos sur les réseaux sociaux ou utiliser un smartphone. Les compétences numériques comprennent : 1) l’alphabétisation numérique (par exemple comprendre comment fonctionne un ordinateur, internet ou des appareils mobiles) ; 2) la citoyenneté numérique (comme interagir sur internet de manière appropriée et responsable) ; 3) la culture des données (comprendre comme travailler avec les données, les analyser et les interpréter) ; 4) culture des médias (par exemple comprendre comment déterminer quelles sources sont crédibles et savoir évaluer le contenu en ligne).

[3] Les compétences en communication numérique et culture des données incluent le fait de savoir comment utiliser différentes formes de communication en ligne, savoir rédiger un email professionnel, créer une présentation en utilisant des graphiques et du texte, ou créer un graphique à partir de données.