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L’obsolescence : plus qu’un sujet technique, un enjeu stratégique

Fabrice Ferrante
17 avril 2025


Autant que possible, les organisations IT veillent à maintenir leurs actifs informatiques à jour. Cependant, avec l’évolution rapide des technologies et la multiplication des projets, les SI évoluent si rapidement qu’il devient extrêmement difficile de maîtriser. Les dérives sont pratiquement inévitables et l’obsolescence s’installe à tous les niveaux, du matériel aux applications.

Un composant technologique est dit obsolète lorsqu’il ne bénéficie plus du support et des correctifs de son constructeur ou de son éditeur. Au-delà de cette définition stricte, on parle plutôt de dette technique pour qualifier ceux qui, bien qu’encore supportés, ne sont pas aux toutes dernières versions de patchs, correctifs, firmwares, etc. Pour simplifier, et parce que les enjeux se rejoignent, le terme d’obsolescence couvrira ici ces deux notions.

Un fléau aux multiples conséquences

Pour le SI, l’obsolescence est un fléau silencieux aux conséquences aussi nombreuses que préjudiciables. Elle crée des failles de sécurité et des risques de non-conformité. Elle dégrade les performances et la qualité de service. Elle ralentit les développements en ajoutant des difficultés délicates et longues à résoudre. Elle introduit de la complexité, de l’hétérogénéité et des écarts avec les politiques internes et l’état de l’art, en matière de sécurité et de Green IT notamment. Elle nécessite de maintenir des compétences variées et coûteuses. Enfin, elle ternit l’image de marque auprès des utilisateurs internes comme des clients finaux car elle est visible et ne fait pas bon effet. En d’autres termes, l’obsolescence est un écueil opérationnel et un frein stratégique qui nuisent à sa productivité, sa sécurité et son agilité.

Pour cette raison, il est essentiel de faire de l’obsolescence une préoccupation majeure, tout particulièrement en amont des grands programmes de modernisation ou de migration vers le cloud. À cette occasion, il faut s’interroger sur les obsolescences existantes et sur celles à venir à court et moyen terme ; sur leurs conséquences et l’ensemble des risques qui en découlent pour l’entreprise ; et enfin sur la manière d’y remédier en tenant compte des dépendances techniques et des contraintes opérationnelles. Les traiter exige alors rien moins qu’un véritable programme de transformation.

La solution passe par l’alliance de l’expertise technique et de l’analyse stratégique

La difficulté majeure est que l’on ne peut pas figer l’ensemble du SI le temps de remettre à niveau tous ses composants. Ce travail doit s’inscrire de façon parfaitement maîtrisée dans la dynamique d’innovation et d’investissement de la DSI. Pour cela, nous préconisons une démarche en trois étapes :

1. Procéder à une analyse complète du parc doublée d’une étude stratégique :

Des outils spécialisés permettent d’inventorier automatiquement toutes les obsolescences actuelles et futures au sein du SI, ainsi que les dépendances des actifs concernés. On en déduit une vue complète des travaux à réaliser ainsi qu’une analyse des risques que ces obsolescences font courir à l’entreprise.

Or on ne traite pas l’obsolescence pour le principe, par pure rigueur, mais bien parce que des systèmes obsolètes sont une menace et une entrave pour l’entreprise. Il faut donc se focaliser sur ceux qui sont les plus exposés, les plus critiques, ou qui doivent faire l’objet d’évolution importantes. Compléter l’analyse technique d’une étude stratégique est impératif, car cela apporte une vision de bout en bout qui met en évidence l’impact business de l’obsolescence. Ce prisme permet d’identifier les priorités à l’échelle de l’entreprise (et non en silos) et d’établir une feuille de route alignée sur les enjeux métiers.

2. Définir la feuille de route :

Cette première phase permet d’établir un schéma directeur du traitement de l’obsolescence : orientations stratégiques, actions à mener, priorités, planning. Tout l’enjeu est d’établir la meilleure trajectoire de transformation possible en fonction du calendrier des obsolescences, des interdépendances techniques, des projets de la DSI, des contraintes opérationnelles, avec la maîtrise des risques comme préoccupation première. Dans cette optique, nous recommandons pour produire cette feuille de route de partir de l’analyse de la couche applicative, puis de descendre vers l’infrastructure et le matériel sous-jacents, car c’est ce qui permet de créer le plus vite le plus de valeur, et de minimiser les problèmes de compatibilité.

3. Mettre en œuvre techniquement :

Le plus souvent, traiter une obsolescence est bien plus complexe qu’installer un simple correctif ou la nouvelle version d’un logiciel. Les projets étendent parfois leurs ramifications depuis l’interface utilisateur jusqu’au data center. Pour les appréhender dans leur globalité et faire les bons choix, mieux vaut par conséquent pouvoir compter sur un partenaire capable de faire le lien entre les opérations techniques et les enjeux stratégiques et métier, et disposant par ailleurs de compétences suffisamment larges pour pouvoir gérer des systèmes parfois anciens ou aux technologies peu courantes.

En procédant de la sorte, l’organisation peut rationaliser et sécuriser le traitement des obsolescences de son SI, et en associer la charge et les coûts à des projets orientés métier, plus créateurs de valeur. Dans le même temps, il faut aussi réfléchir à la gouvernance, aux processus et aux outils à mettre en place pour inscrire la démarche dans la durée. Car, si l’on n’y prend pas garde, la dette technique recommencera inexorablement à se creuser, et cela dès le premier jour.

Auteur

Fabrice Ferrante

Chief Enterprise Architect, Capgemini
Fabrice Ferrante est Ingénieur diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers ParisTech. Après un Mastère Spécialisé dans le Management des Système d’Information et des Technologies délivré par HEC et les Mines de Paris, il travaille pendant 13 ans chez Accenture Il y construit une solide expérience de consultant et architecte technique sur des projets majeurs du secteur public et la définition de schémas directeurs IT. Passionné par les nouvelles technologies, il accompagne ses clients dans leur adoption. Depuis 7 ans chez Capgemini, ses missions se déclinent autour du cloud (privé et public), le devops et Ia stratégie IT.

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