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L’observabilité s’impose au cœur de l’entreprise numérique

Jean-Charles Wolff
17 septembre 2025

Dans l’entreprise numérique, il est capital de savoir si les systèmes fonctionnent convenablement, s’ils ne consomment pas des ressources excessives et s’ils offrent aux utilisateurs la qualité de service attendue.

Mais avec des évolutions technologiques comme le cloud, la virtualisation ou la conteneurisation, les environnements sont si complexes, hétérogènes et changeants qu’il devient difficile de savoir avec précision ce qu’il s’y passe. C’est ici que l’observabilité prend le relais de la supervision, avec laquelle elle est encore souvent confondue bien que sa portée soit beaucoup plus étendue.

Une chaîne intégrée d’outils dopés par l’IA et l’automatisation

L’observabilité met en œuvre une chaîne intégrée d’outils – de surveillance, de détection, d’analyse, d’alerte, de remédiation et de reporting – pour offrir une vue en temps réel de bout en bout, précise, consolidée, contextualisée et actionnable du fonctionnement d’un système numérique et de ses composants : applications, infrastructures, réseau, expérience utilisateur (RUM), voire cybersécurité. Elle peut s’exercer sur toutes sortes d’environnements techniques : systèmes transactionnels, décisionnels ou industriels, on premise ou dans la cloud, IoT, équipements nomades… Enfin, les plateformes tirent largement parti des possibilités offertes par l’IA et l’automatisation : l’IA pour anticiper, prédire, suggérer, éliminer le bruit, identifier les causes racines (on parle d’AI Ops) ; l’automatisation pour agir sans délai sur les systèmes, que ce soit dans le cadre du test, du déploiement (CI/CD), du provisioning ou de la remédiation (NoOps).

Mieux que la supervision, qui ne donne pas une vision globale, l’observabilité permet ainsi de savoir, de comprendre et d’agir sur la santé de l’infrastructure, la performance des applications, les causes racines des dysfonctionnements, l’état des processus métiers, et les mesures de remédiation. Selon la finesse de l’information, le rôle de l’utilisateur et son niveau au sein de l’organisation, les tableaux de bord de reporting, où figurent aussi bien des indicateurs techniques que métiers, est un outil opérationnel ou bien de pilotage.

Un lien direct entre la performance métier et celle de l’IT

L’observabilité établit ainsi un lien direct et explicite entre la performance métier et celle des systèmes sous-jacents. Tour de contrôle partagée, elle devient le pivot autour duquel peuvent se retrouver et s’articuler toutes les équipes, que ce soit au périmètre de l’entreprise, de l’une de ses activités ou d’un projet de transformation majeur. Le dashboarding unifié permet de casser les silos car tout le monde – dev, ops et métiers – possède la même donnée et parle le même langage. Du business process monitoring au code et à l’infrastructure, tout est supervisé à 360° à l’échelle du processus métier.

Or, dans le contexte actuel, les entreprises ont précisément besoin d’un tel décloisonnement, à la fois vertical et horizontal, et c’est pourquoi l’observabilité séduit les organisations de toutes tailles et de tous secteurs, notamment celles dont l’activité dépend d’un SI complexe et critique comme la banque, l’industrie ou le retail.

Périmètre, prérequis, outil, organisation : quelques clés pour une mise en œuvre réussie

Cependant, définir et mettre en place les fonctionnalités de l’observabilité qui apporteront le plus vite le plus de valeur reste un cheminement complexe qui nécessite accompagnement et méthode. On débutera donc de préférence par un domaine restreint, en ligne avec les priorités stratégiques de l’entreprise. Ce pourra être, par exemple, le site d’e-commerce si l’on veut développer ce canal, ou encore le projet de rapprochement des IT dans le cadre d’une fusion-acquisition.

Par ailleurs, pour livrer tous ses bénéfices, l’observabilité ne peut venir se poser que sur un SI propre et parfaitement connu. Dans tous les cas, un nommage rigoureux et une CMDB (base de données de gestion de configuration) bien maîtrisée seront des prérequis indispensables. En ce qui concerne le choix de l’outil, outre l’adéquation fonctionnelle et les perspectives d’évolution, on sera très attentif au modèle de facturation car les coûts peuvent varier considérablement selon les configurations et les cas d’usage.

Au-delà de la dimension technique, l’un des principaux enjeux réside dans l’organisation et la gouvernance à mettre en place autour de la solution. Le plus souvent, un responsable de l’observabilité est rattaché au CTO car il s’agit en premier lieu de diffuser de l’information à l’ensemble des équipes techniques. Par la suite, son positionnement pourra évoluer à mesure que les métiers verront dans la plateforme une source de valeur et d’innovation. Enfin, il ne faudra pas négliger l’accompagnement du changement, l’adoption par les équipes étant la condition sine qua non de la réussite.

Qualité de service et productivité : des bénéfices à tous les étages

Ces précautions prises, l’observabilité ne tarde pas à livrer ses substantiels bénéfices. Elle permet, d’une part, d’améliorer sensiblement la qualité de service et le time-to-market (à la plus grande satisfaction des utilisateurs et des clients) et, d’autre part, de réaliser de significatifs gains de productivité. La façon dont la DSI saura faire évoluer son modèle opérationnel et judicieusement redéployer les ressources humaines et techniques ainsi dégagées sera l’une des clés du ROI final. L’amélioration continue, en particulier, est un domaine dans lequel ces moyens pourront être le plus utilement réaffectés. En effet, un risque de l’auto-remédiation est de négliger de traiter les causes racines et de laisser le système corriger inlassablement les mêmes erreurs. Les choses fonctionnent, mais la plateforme est encombrée par ces tâches dispensables (et parfois coûteuses) tandis que la performance applicative stagne.

Répondant aux enjeux brûlants de maîtrise et de performance de systèmes numériques complexes, l’observabilité apparaît de plus en plus incontournable. Par ailleurs, la technologie progressant à toute allure, les plateformes ne cessent de s’enrichir. D’ores et déjà, on voit émerger des capacités d’auto-découverte qui permettent d’ajouter instantanément les nouveautés au monitoring. Demain, ce seront des agents couplés à l’IA générative qui pourront corriger automatiquement (sous contrôle) le code. De telles avancées procureront aussitôt un formidable avantage concurrentiel, mais pour être parmi les premiers à les maîtriser et à en bénéficier, il est impératif d’initier sans plus attendre la révolution de l’observabilité.

Notre expert

Jean-Charles Wolff

Jean-Charles Wolff

Head of Center of Excellence Observability
Jean Charles Wolff est un expert reconnu dans le domaine de la gestion des services IT, avec une spécialisation pointue dans l’observabilité, l’AIOps et l’automatisation. En tant que Head of CoE Observabilité, il pilote la mise en œuvre de solutions innovantes permettant une supervision intelligente et proactive des environnements IT. Grâce à l’intégration de l’intelligence artificielle dans les opérations (AIOps), il transforme les modèles traditionnels de gestion en systèmes autonomes capables de détecter, diagnostiquer et résoudre les incidents en temps réel. Il est également moteur dans l’automatisation des processus IT, visant à améliorer la fiabilité, la réactivité et la performance des services. Ses missions s’articulent autour de la gouvernance technologique, de l’amélioration continue et de l’accompagnement des équipes vers un delivery résilient et orientée innovation.
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