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Low-Code / No-Code : des développeurs augmentés ou menacés ?  

Nicolas Cabridain, Alban Korniloff, Antoine Metivier, Manon Briole, Eloi Thiebeaut, Charles Rodriguez, Ulysse Burah et Youssra Tahri
26 juin 2025
capgemini-invent

70% des nouvelles applications utiliseront des technologies low-code/no-code d’ici fin 2025 selon Gartner, contre moins de 25% en 2020.

Sur toutes les lèvres depuis une décennie, le Low-Code / No-Code (LCNC) est-il sur le point d’atteindre ses projections ? Avec l’émergence de l’Intelligence Artificielle Générative et des agents, cette technologie est-elle enfin prête à révolutionner le développement applicatif ? L’évolution de la place des métiers dans le développement digital est-elle imminente ? Dans cet article, explorons dans quelle mesure ces technologies sont mises au service de la transformation digitale des entreprises.

Le Low-Code / No-Code, vers un développement réellement accessible à tous ?

Le Low-Code / No-Code désigne un ensemble de plateformes et d’outils permettant de développer des applications avec peu ou pas de programmation, accessibles non seulement aux équipes digitales, mais aussi aux acteurs métiers.

Ces plateformes mettent à disposition des interfaces visuelles et des fonctionnalités simples d’un point de vue expérience utilisateur, comme le glisser-déposer ou encore la modélisation de processus, pour simplifier la création d’applications.

Ces dernières années, le paysage des acteurs du LCNC s’est considérablement enrichi et s’articule principalement autour de 3 typologies d’éditeurs :

  • Les grands acteurs du workspace comme Google ou Microsoft
  • Les éditeurs plus indépendants tels que Simplicité, OutSystems, Pega ou Mendix
  • Les éditeurs de CRM ou de solutions IT packagées telles que ServiceNow ou Salesforce intègrent également à leur tour des capacités LCNC dans leurs logiciels.

Des cas pratiques révélateurs pour l’IT, les fonctions support et les métiers

Les solutions LCNC modernisent l’expérience client ou collaborateur par :

  • L’automatisation de processus ou de certaines tâches (envoi de mails automatiques, validations d’étapes quand certaines conditions sont atteintes)
  • La construction de tableaux de bord complexes, alimentés par l’IA
  • La gestion de formulaires (supervision des stocks, des inventaires, situations administratives, …)
  • La conception de portails ou de front-offices visuels

Pour en exploiter pleinement le potentiel, certains acteurs ont été accompagnés pour concrétiser leurs cas d’usages :

  • Acteur de la mobilité : une application de suivi des demandes de formations a été développée, permettant de sécuriser la bonne actualisation des compétences de l’ensemble des agents concernés
  • Acteur de l’aéronautique : une application dédiée à la gestion du processus de maintenance des hélices a été délivrée, réduisant ainsi les délais d’intervention et améliorant la traçabilité des opérations.

Quand l’Intelligence Artificielle rencontre le LCNC : un duo puissant

Avec l’émergence de l’IA générative, le LCNC bénéficie d’une nouvelle dimension. Par un simple prompt, l’IA permet la génération de code voire la proposition de premières interfaces visuelles ou automatisations. Selon une étude publiée par l’éditeur Mendix, 85% des entreprises évaluées indiquent que l’IA combinée au low-code permettrait d’accélérer l’innovation et la digitalisation. Cette synergie ouvre la voie à une adoption plus large des solutions LCNC en démocratisant – jusqu’à une certaine limite – le développement de fonctionnalités avancées. A noter qu’une gouvernance stricte est cependant requise pour contrôler la qualité des applications et fonctionnalités générées par IA.

Le LCNC comme booster de digitalisation

Au-delà de l’amélioration de l’expérience client ou collaborateur, l’un des principaux atouts de ces technologies consiste en la réduction du temps de développement jusqu’à le diviser par deux pour certains exemples du secteur bancaire, impactant ainsi les coûts et délais de mise à disposition des applications.

Par leur nature accessible et flexible, les solutions LCNC favorisent également un environnement de collaboration efficace, rapprochant les équipes digitales et métiers, et gommant ainsi les barrières historiques entre ces deux univers.  

Enfin, les solutions LCNC améliorent la traçabilité applicative grâce à une infrastructure pilotée, assurant le suivi de la création et de l’utilisation des applications, mais aussi garantissant un cadre de conformité commun paramétrable. En synthèse, ces solutions permettent aux utilisateurs de créer des solutions adaptées à leurs besoins, tout en aidant la DSI à prévenir l’IT non contrôlé (ou Shadow IT).

Le LCNC peut être limité pour soutenir certaines applications complexes

Cependant, le LCNC ne constitue pas une solution universelle. Certaines applications nécessitent en effet une personnalisation avancée, des interfaces avec des SI legacy complexes, ou encore une scalabilité importante, ce qui justifie le recours à du développement sur mesure.

Ainsi, une structure de delivery digital de type « Digital Factory » bien structurée doit articuler intelligemment Low-Code, No-Code et développement classique en fonction des besoins et du niveau de maturité de l’organisation, en s’appuyant sur des modèles d’implémentation adaptés.

Quel modèle d’implémentation du LCNC privilégier ?

Les organisations adoptent les solutions LCNC selon 2 modèles majoritaires, adaptables en fonction de la maturité et du besoin.

Dans le modèle Citizen Dev, tout type d’utilisateurs, dont les utilisateurs métiers, peuvent être équipés directement des solutions – généralement No-Code – choisies par l’entreprise. Si ce modèle permet une meilleure autonomie des équipes métiers notamment, elle implique une gouvernance forte, avec la mise en place d’une équipe de formation et de support dédiée, la gestion de communautés de créateurs et de champions, ainsi que la définition d’un processus de run réaliste et adapté. Le modèle Citizen Dev peut être diffus au sein de l’entreprise, limité à certains départements ou encore adressé au cas par cas.

Dans le modèle Pro Dev, les solutions LCNC sont en revanche réservées aux équipes digitales pour accélérer leurs capacités de développements. Plusieurs options sont alors possibles :

  • Équiper directement l’ensemble des développeurs avec des solutions LCNC
  • Équiper seulement une ou plusieurs squads dédiées aux produits LCNC

Ces solutions peuvent être utilisées unitairement ou dans une approche fusionnée Low-Code / Pro-Code pour assurer une meilleure évolutivité et robustesse des solutions. De la même manière que pour le modèle Citizen Dev, ce modèle nécessite en amont la définition d’une gouvernance claire et adaptée de la demande initiale à la gestion du run.

Réussir sa transition vers le LCNC : les étapes clés

Pour assurer une adoption réussie du LCNC, plusieurs étapes sont clés et modulables en fonction du modèle d’implémentation choisi :

Enfin, il est recommandé de commencer par des expérimentations guidées via de premiers projets et populations pilotes avant d’envisager un déploiement à grande échelle. 

  1. Commencer par l‘identification de premiers besoins permet de déterminer quels processus ou applications pourront être optimisés grâce à ces outils.
  2. Ensuite, le choix de la (des) plateforme(s) doit être avisé, en fonction de ces besoins, des exigences en termes d’architecture et de sécurité notamment, mais aussi en fonction du modèle de licensing et des coûts associés.
  3. Le modèle d’implémentation et la gouvernance doivent ensuite être définie : gestion de la demande ou de l’identification du besoin, gestion des développements, gestion des déploiements, gestion du run, monitoring et suivi des KPI.
  4. La gestion de communautés doit être anticipée, qu’elles soient métier ou IT, en préparant des formations et des dispositifs d’accompagnement adéquats.
  5. Le paramétrage de la plateforme est ensuite à initier avant de mettre les outils à disposition, afin de garantir un cadre de sécurité et de développement commun.
  6. Enfin, il est recommandé de commencer par des expérimentations guidées via de premiers projets et populations pilotes avant d’envisager un déploiement à grande échelle. 

Conclusion et perspectives

Le Low-Code / No-Code représente donc une opportunité stratégique à saisir pour accélérer la transformation digitale, favoriser l’innovation et renforcer l’agilité des entreprises. Il s’accompagne aussi de nouvelles compétences à développer. Low-code ne signifie pas low-skills : ces technologies facilitent certes l’accès au développement, mais nécessitent toujours un socle de compétences fonctionnelles auquel s’ajoute alors une maîtrise de ces solutions et des capacités de prompting avancées.

Pour toute information complémentaire, notre équipe d’experts se tient à votre disposition et sera ravie d’échanger à propos de vos ambitions et projets LCNC.

Pour aller plus loin

Libérez le potentiel du low-code

Pour booster votre croissance et moderniser vos applications

Auteurs

Nicolas Cabridain

VP Business Technology, Capgemini Invent
Nicolas est Vice-président de l’entité Business Technology/CIO Advisory de Capgemini Invent France, avec plus de 15 ans d’expérience dans la mise en place et le pilotage de larges programmes de transformation digitale dans différents secteurs : Industrie, Pharma, Financial Services, Services Publics, etc.

Alban Korniloff

Directeur, Capgemini Invent
Alban est directeur chez Capgemini Invent avec plus de 8 ans d’expérience. Il accompagne les entreprises d’aujourd’hui à se lancer dans le Digital de demain à travers la définition de leur vision stratégique, la conception de modèles opérationnels sur des modèles Digital Factory, l’agilisation des pratiques de delivery ainsi que le lancement et le pilotage de produits / programme digitaux.
Antoine-Metivier

Antoine Metivier

Directeur, Capgemini Invent
Directeur chez Capgemini Invent avec 15 ans d’expérience, Antoine Métivier a piloté de grands programmes de transformation et delivery IT, incluant la mise en place de cockpit de pilotage, dans de nombreux secteurs : public, banque, assurance, luxe, etc.

Manon Briole

Consultante Senior, Capgemini Invent
Consultante senior chez Capgemini Invent au sein de l’entité Business Technology, Manon est une passionnée de tech et d’innovation, et se spécialise en particulier dans les technologies immersives et décentralisées. Membre du CTO Office de Capgemini Invent, elle a coordonné la publication du tech radar Invent 2024 et anime régulièrement des formations ou sensibilisations mettant en avant ces dernières tendances de marché.

Eloi Thiebaut

Architecte Senior / Expert Microsoft, Sogeti
Avec 15 ans d’expérience en tant qu’architecte de solutions et d’entreprise, Eloi s’est spécialisé dans les technologies de Low-code / No-code, notamment la Power Platform, permettant aux entreprises d’accélérer leur transformation digitale. Son expertise en Low-code / No-code lui donne une vision globale des projets et favorise un environnement collaboratif. Il conçoit des solutions robustes et innovantes qui répondent aux besoins modernes de développement rapide et d’optimisation des processus.

Charles Rodriguez

Consultant, Capgemini Invent
Charles est consultant chez Capgemini Invent, au sein de l’entité Business Technology. Fort d’une expérience d’un an, il a participé à la mise en œuvre et au suivi d’une digital factory pour un client du secteur public, contribuant ainsi à l’accélération de sa transformation digitale et à l’optimisation de ses processus.

Ulysse Burah

Consultant Business Technology, Capgemini Invent
Ulysse Burah est consultant chez Capgemini Invent, au sein de l’entité Business Technology. Avec une année d’expérience, il a contribué à l’accompagnement et à la mise en œuvre d’un projet agile de développement applicatif, visant à digitaliser les processus Back Office et à optimiser leur efficacité.

Youssra Tahri

Consultante, Capgemini Invent
Youssra est consultante chez Capgemini Invent. Elle a contribué à la mise en place et au pilotage de digital factories pour de nombreux clients notamment dans les secteurs : Services publics, Automobile, etc