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Les mots du jour d’après : Travail

Capgemini Invent
21 avril 2020
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Télétravail, nouvelles solidarités, intrapreneuriat et formation à distance : nous vous proposons un tour d’horizon des nouveaux modes de travail et des espoirs que cela suscite pour l’avenir.

Nous continuons la série des Mots Du Jour D’Après, avec le mot “travail”.

La situation créée par la pandémie COVID-19 nous fait en effet entrer dans un monde inconnu, qui bouleverse la manière dont nous vivons, consommons, étudions et travaillons.

« Krisis » en grec signifie ‘le moment des décisions’, et la ‘nécessité de faire des choix’. Nous pouvons décider de quoi l’après Covid-19 sera fait, tirer les leçons de la crise et agir pour le futur. Comme le rappelle Esther Duflo, prix Nobel d’économie, “avec le dérèglement climatique, les choses seront encore pires.

Trouvons la motivation de changer, de trouver la véritable mission de l’Entreprise, qui s’intéresse à son impact social et environnemental”, changeons notre manière de travailler.

Télétravail, nouvelles solidarités, intrapreneuriat et formation à distance : nous vous proposons un tour d’horizon des nouveaux modes de travail et des espoirs que cela suscite pour l’avenir.

De nombreuses entreprises n’ont plus de murs mais ont un cloud

C’est le 17 mars 2020 que tout a basculé en France. Du jour au lendemain, des millions de travailleurs se sont retrouvés confinés chez eux, loin de leur bureau, de leurs collègues et de leurs habitudes. Entre 8 et 12 millions de salariés télétravaillent, selon le Ministère du Travail, bien plus que les 1,8 millions qui le pratiquaient de manière régulière en 2017 selon la DARES. Chez Capgemini, 97% des collaborateurs du groupe dans le monde ont franchi le pas.

Beaucoup ont dû s’équiper en quelques heures pour collaborer à distance : Teams, Skype, iObeya, Trello, Slack, Klaxoon… ou encore Zoom, qui a recensé en mars 200 millions de participants à des réunions quotidiennes, contre 10 millions en décembre dernier. Cette digitalisation à marche forcée a pu déstabiliser les moins technophiles mais il semblerait que les solutions se démocratisent rapidement.

Pourtant le télétravail n’est pas qu’une affaire de technologie mais aussi de culture et la crise du coronavirus confirme la nécessité d’organisations plus horizontales, plus décentralisées et plus autonomes. Les équipes ont dû créer de nouveaux rituels, les managers ont dû rassurer, réaligner les priorités, maintenir un lien régulier avec leurs équipes et aussi commencer à anticiper la sortie de crise. Agilité, empathie et résilience sont les maîtres mots. Des enfants passent sans doute une tête pendant les visio-conférences, les 12-14 seront incompatibles avec les temps de famille et les repas à préparer, mais la culture interne doit s’adapter pour plus de flexibilité.

Enfin, la bonne surprise de la chute des déplacements dans le mode, c’est la baisse de la pollution. Le coronavirus pourrait entraîner la plus forte baisse d’émissions de CO2 depuis la Seconde Guerre Mondiale d’après les travaux du Global Carbon Project ou ceux de la Chaire Economie du Climat de Paris Dauphine, accordant un répit plus que salutaire pour la planète. Selon un sondage YouGov, 77% des Français considèrent que cette crise sanitaire est l’occasion de mener une politique ambitieuse en matière de transition écologique.

A la fin de cette épreuve, serons-nous prêts à continuer le télétravail massif, comme chez UpWork ou Gitlab, dont 80% des salariés sont disséminés à travers le monde ? Les entretiens d’embauche sur Skype deviendront-ils la norme ? Déserterons-nous les mégapoles pour travailler à la campagne ? Recruterons-nous des talents sans frontières à Manille, Bombay, Lisbonne et New York ? Travaillerons-nous en horaires ultra flexibles, pour permettre des réunions d’équipe sur plusieurs fuseaux horaires ? Laisserons-nous la voiture au garage pour préserver le calme et l’air pur ?

Alors que les jobs utiles sont au front, les autres organisent la solidarité

Tous les salariés n’ont pas la possibilité de pouvoir poursuivre leur activité ou de télétravailler. C’est la vieille rengaine des cols blancs et des cols bleus : personnels soignants, éboueurs, personnels des supermarchés, logisticiens et bien d’autres sont contraints de se rendre sur leur lieu de travail pour faire tourner l’économie. Et il aura fallu une crise sanitaire sans précédent et des applaudissements à 20H au balcon, pour se rappeler la valeur de ces services de bien commun ! Des enseignes comme Auchan ou Carrefour ont d’ailleurs annoncé des primes exceptionnelles pour récompenser courage et engagement sans faille.

Pourtant, même à la maison nous avons tous un rôle à jouer pour faire tourner la société. Nous pouvons nous engager individuellement ou en équipe sur des plateformes comme TousConfinésTousEngagés.fr, aider les agriculteurs dans les champs ou encore transformer le produit ou le service que nous vendons pour la bonne cause : LVMH ou Yves Rocher qui produisent du gel hydroalcoolique, Airbnb qui propose des logements pour les personnels soignants, la MAIF qui voit le nombre de sinistres baisser et reverse 100 millions d’euros à ses assurés ou à des associations et enfin Capgemini Invent qui aide gratuitement l’APHP à déployer l’application Covidom qui permet le télésuivi des patients porteurs ou suspectés de Covid-19. La quête de sens, qui se faisait de plus en plus pressante parmi les jeunes, submerge aujourd’hui toutes les générations de travailleurs. Selon un sondage du magazine Society, 56% des Français estiment que cette crise leur aura permis de redéfinir ce qui est important pour eux.

Quand la crise sera finie, saurons-nous continuer ces élans de solidarité, en donnant notre temps ou notre savoir-faire pour aider les entrepreneurs sociaux, les associations et les personnes dans le besoin ? Sauterons-nous le pas de l’emploi partagé entre une entreprise et une association ? Saurons-nous proposer de nouveaux indicateurs de performance aux équipes et aux dirigeants, pour faire valoir les impacts sociaux et environnementaux positifs? Placerons-nous la RSE au centre des débats afin de transformer nos entreprises et nos emplois ?   

Le renouveau de la formation en ligne

La crise sanitaire a frappé fort et de manière soudaine. Des milliers d’étudiants en médecine ont été formés aux techniques d’intubation et de soins respiratoires grâce à des vidéos en ligne.

Alors que l’INSEE annonçait début avril que la machine économique tournait autour de 65% de son rythme normal, certains y voit l’occasion rêvée pour se former sur des plateformes en ligne telles que Coursera, Open Classroom ou même Youtube : apprendre à coder, booster sa productivité, comprendre l’histoire de l’art… il y en a pour tous les goûts et pour tous les métiers ! Le téléchargement des applications éducatives a bondi de 1087% aux Etats-Unis en Mars 2020 d’après un rapport Statista.

Et si nous profitions du confinement pour nous former à distance ? Et si chacun pouvait se réinventer et changer de métier grâce à Internet ? Et si les métiers qui embauchaient demain nécessitaient des compétences nouvelles, comme l’écoconception ?

L’entrepreneuriat, un nouveau champ des possibles

Les temps sont particulièrement rudes pour les entrepreneurs, qui vont devoir se montrer très résilients. Comme le rappelait Marc Simoncini dans un entretien au Figaro, “arrêtez de brûler du cash, le temps n’est plus à l’hyper croissance, concentrez-vous sur la rentabilité”. Imaginez les 40.000 VTC de France, sans activité depuis le confinement et qui ont perdu 80% de leur chiffre d’affaire.

Les créations d’entreprises en France ont chuté de 25,5% en mars 2020 d’après l’INSEE. Pourtant, en ces temps de difficiles, il est plus que nécessaire d’innover [1] pour chambouler le statu quo et de belles initiatives émergent, comme la plateforme Loop de la Fabrique by CA qui permet aux agriculteurs de vendre leurs produits en direct aux consommateurs ou bien le CovidBot développé par Clevy.io qui lutte contre la désinformation.

Les jeunes diplômés tenteront-il l’aventure en start-up, malgré le choc économique qui s’annonce ? Les grands groupes développeront-ils l’intrapreneuriat et les start-ups studios, pour permettre d’innover avec plus de sécurité ?  L’Etat imaginera-t-il un nouveau contrat social pour protéger les travailleurs indépendants ?

Télétravail, formation en ligne, intrapreneuriat, emploi partagé : ce que nous appelions “le futur du travail” est devenu notre présent, sachons tirer les leçons et construire au mieux l’après Covid-19 !

[1] Lire Innovating for a recession, by Mark Payne, Partner at Fahrenheit 212