Mais cette transformation s’accompagne d’un paradoxe : plus l’adoption de ces solutions est rapide, plus il devient difficile de maîtriser les dépenses. 

Le dernier rapport du Capgemini Research Institute, Le paradoxe de la tech à la demande : concilier vitesse et maîtrise des coûts (The On-Demand tech paradox : balancing speed and spend), révèle que 82 % des dirigeants ont constaté une augmentation significative des coûts liés au cloud, au SaaS et à l’IA générative, et 61 % déclarent que ces coûts affectent la rentabilité. La promesse d’innovation est bien réelle – mais la pression financière l’est tout autant. 

La spirale des coûts cachés 

Imaginons un DSI dans une entreprise mondiale. Ses équipes déploient de l’IA générative pour la R&D, des outils SaaS pour la collaboration et une infrastructure cloud pour la scalabilité. Mais rapidement, la finance signale des dépassements budgétaires, les équipes IT peinent à prévoir les coûts, et les branches métier acquièrent des outils de manière autonome. 

Ce cas n’est malheureusement pas isolé. Le rapport montre que : 

  • 76 % des organisations ont dépassé leur budget cloud public (de 10 % en moyenne) 
  • 68 % ont trop dépensé dans les solutions dl’IA générative ; 52 % pour le SaaS 
  • 59 % considèrent le gaspillage cloud comme un défi majeur 
  • 58 % décrivent les coûts des technologies à la demande comme “un grand trou noir” 

Qu’est-ce qui expliquent cette explosion des coûts ? 

Dans tous les cas, la stratégie de migration d’un SI paiements vers le cloud doit s’inscrire dans la roadmap pluriannuelle de transformation métier de l’organisation. Elle pourra ainsi l’accompagner ou la faciliter.  

  • Dépenses technologiques décentralisées 
    Une part importante des dépenses technologiques est désormais pilotée par les branches métier plutôt que par les départements IT. Concrètement, 59 % des dépenses en IA générative et 48 % en SaaS sont initiées hors du contrôle de l’IT, rendant la gouvernance difficile. Plus inquiétant encore, 12 % des dépenses SaaS ne sont absolument pas gérées, augmentant le risque d’achats redondants et de gaspillage. 
  • Approche réactive de la planification budgétaire 
    De nombreuses organisations adoptent une stratégie “cloud-first” sans planification financière adéquate. En fait, 54 % migrent vers le cloud de manière réactive, en ne considérant les coûts qu’après la phase de déploiement. Ce phénomène est particulièrement marqué dans le secteur public (65 %) et de la défense (63 %), où les considérations budgétaires arrivent souvent trop tard. 
  •  Outils sous-utilisés et lacunes de gouvernance 
    Bien que des outils de gestion des coûts cloud existent, seulement 37 % des organisations exploitent réellement les informations qu’ils fournissent. La plupart des équipes FinOps se concentrent sur les opérations quotidiennes plutôt que sur la gestion stratégique des coûts, ce qui entraîne des occasions manquées d’optimisation et de création de valeur. 

Un signal d’alarme des experts FinOps 

J.R. Storment, Directeur exécutif de la FinOps Foundation, rappelle avec justesse : 

“Ne considérer les coûts qu’après le déploiement peut entraîner des conséquences indésirables – des factures cloud étonnamment élevées, des marges produits plus faibles, et moins d’options d’optimisation.” 

Ce constat reflète un problème généralisé : la planification des coûts est souvent reléguée au second plan, même dans les secteurs à forte complexité réglementaire et opérationnelle. Résultat : opportunités manquées, dépassements budgétaires et retour sur investissement décevant. 

De la maîtrise des coûts à la création de valeur

Gérer l’économie du cloud ne consiste pas seulement à réduire les dépenses – il s’agit de libérer de la valeur. Pourtant, seulement 2 % des équipes FinOps couvrent le cloud, le SaaS et l’IA générative de manière holistique, et seulement 42 % influencent les décisions métier. 

Pour passer d’un contrôle réactif des coûts à une approche stratégique, les organisations doivent : 

  • Étendre le périmètre FinOps à toutes les technologies à la demande 
  • Intégrer l’impact sur les coûts dans l’architecture et le développement des solutions 
  • Aligner les équipes finance, technologie et métier autour d’un “langage commun de la valeur” 

Cinq actions pour reprendre le contrôle

  1. Anticiper la planification des coûts : intégrer l’intelligence des coûts dès les premières phases de conception et d’architecture. 
  2. Automatiser les contrôles de coûts : utiliser des outils pour l’auto-scaling, la détection des ressources inactives et la désactivation des licences. 
  3. Utiliser l’IA pour la prévision et l’optimisation : Spotify par exemple utilise l’IA pour prédire la demande et optimiser les charges en temps réel. 
  4. Instaurer une culture de la responsabilité : attribuer les coûts aux équipes, mettre en place des modèles de refacturation, et encourager la responsabilité partagée tout en sensibilisant les équipes sur les actes d’optimisation. 
  5. Mesurer le ROI de manière globale : aller au-delà des métriques de coûts pour inclure celles liées à l’innovation, la productivité et la durabilité. 

Rappel : le coût est un indicateur de durabilité 

53 % des dirigeants reconnaissent que l’utilisation inefficace des technologies à la demande entraîne une consommation excessive d’énergie et des émissions de carbone. Le « FinOps durable » – où efficacité financière et écologique vont de pair – est le prochain horizon.

Le rapport du Capgemini Research Institute sur l’économie des technologies à la demande propose une feuille de route pour naviguer dans ce paradoxe – basé sur les données de 1 000 dirigeants dans le monde et les insights de leaders du secteur. Téléchargez-le dès maintenant pour découvrir comment transformer la gestion des coûts en un levier de performance et d’innovation.