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Selon l’Observatoire des Marchés Européens de l’Energie publié par Capgemini, les Utilities doivent innover et adapter rapidement leurs modèles d’affaires pour faire face aux nouvelles réalités du marché

28 oct. 2016

Paris – Capgemini, l’un des leaders mondiaux du conseil, des services informatiques et de l’infogérance, en partenariat avec les équipes d’I4CE et de Vaasa ETT, publie la dix-huitième édition de son étude annuelle, l’Observatoire Européen des Marchés de l’Energie (EEMO). Le rapport montre que la montée en puissance des énergies renouvelables a déstabilisé les marchés de gros de l’électricité entraînant une baisse des prix (parfois inférieurs aux coûts de production). Selon le rapport, afin d’améliorer leur rentabilité, les Utilities doivent adapter rapidement leurs modèles d’affaires à ces nouvelles réalités et accélérer leur transformation digitale pour gagner en productivité, agilité et innovation.

Comme mis en exergue à la COP21 de Paris, il est essentiel que les gouvernements fassent tout leur possible pour limiter la hausse de la température à 2°C (maximum) à l’échelle de la planète en contrôlant les émissions de gaz à effet de serre (GES). Pour relever ce défi, l’Union européenne a fixé un objectif de 40% de réduction des GES à l’horizon 2030 ce qui a favorisé les investissements dans les énergies renouvelables. L’Observatoire examine les conséquences de l’augmentation rapide de ces énergies dans le mix électrique sur les marchés de l’électricité et amène à se demander si une autre feuille de route conduisant au même résultat, mais avec moins d’effets négatifs sur le secteur des Utilities, aurait été préférable.

Selon Perry Stoneman, responsable du secteur Energie & Utilities chez Capgemini : « Le rythme de développement des énergies renouvelables est dicté par les objectifs fixés pour la Région, sans prise en compte des besoins d’équilibrage des réseaux ni des caractéristiques de la consommation. Il est donc important d’accélérer le développement de technologies qui permettront de déployer des systèmes de stockage compétitifs (par batteries par exemple) permettant d’optimiser l’usage de l’électricité produite. »

Les trois principaux enseignements de cette nouvelle édition de l’Observatoire Européen des Marchés de l’Energie sont les suivants.

1. La baisse des prix des énergies renouvelables a continué mais elle doit encore se poursuivre :

Durant les 12 derniers mois, les coûts des énergies renouvelables ont continué de diminuer1 : l’éolien terrestre devient quasiment compétitif alors que les coûts de l’éolien en mer ont baissé pour la première fois atteignant un plancher à 87€/MWh. De plus, la baisse du coût des installations solaires photovoltaïques se poursuit avec une nouvelle baisse de 20% attendue dans les trois prochaines années.

L’Europe a prouvé sa volonté de développer et déployer ces technologies. En effet, depuis 2004 les investissements dans les renouvelables en Europe ont atteint 750 milliards d’euros ce qui représente un quart des investissements mondiaux alors que l’Europe ne représente que 7% de la population mondiale. Cela montre la détermination de l’Europe à déployer rapidement ces technologies qui ne sont pas encore compétitives.

Cette politique volontariste s’est traduite par des tarifs de rachat de cette électricité significativement plus élevés que les coûts de production des Utilities. Ces subventions sont financées par le consommateur final à travers des taxes spécifiques conduisant à des prix de détail élevés. En Allemagne, l’un des pays européens les plus dynamiques2 : le consommateur final allemand paiera 20 milliards d’euros de taxes supplémentaires en 2016 avec un poids des subventions aux énergies renouvelables de plus de 25% de sa facture3.

Selon Colette Lewiner experte du secteur Energie et Utilities chez Capgemini, « Des efforts supplémentaires en R&D et en industrialisation sont nécessaires pour tirer parti de la baisse des coûts des énergies renouvelables. Il est aussi urgent de réformer l’actuel système de subventions qui coûte cher et ne se justifie plus pour des énergies qui sont en train de devenir matures. En parallèle, il est nécessaire de réformer le marché européen du carbone, en imposant par exemple des prix plancher ou des taxes pour inciter à des investissements dé-carbonés ».

2. Les marchés de gros de l’électricité restent très perturbés et leurs très bas prix challengent la santé des Utilities qui doivent accélérer leurs transformations pour améliorer leur rentabilité

La croissance des renouvelables dans un marché en situation de surcapacité, combinée à un prix du pétrole et du gaz bas, se sont traduits par une baisse des prix des marchés de gros de l’électricité qui ont atteint début 2016, un point bas à 22€/MWh comparé à 40€/MWh en moyenne en 2015.

Avec la priorité donnée aux renouvelables, les Utilities, comme les années précédentes, ferment des centrales au gaz ou au charbon qui fonctionnent trop peu de temps pour être rentables. Ainsi, 7GW de capacités devraient être retirées du marché cette année, en plus des 10,7 MW en 2015, se traduisant par des dépréciations dans les comptes des électriciens. La fermeture de ces capacités nécessaires pour passer les pointes de la demande fragilise la sécurité d’approvisionnement.

Le Brexit, qui rend plus complexe le financement de nouvelles infrastructures, risque de détériorer la sécurité d’approvisionnement électrique britannique, déjà préoccupante.

Avec la dérégulation des marchés, les Utilities sont exposées pour une grande partie de leur chiffre d’affaires aux bas prix des marchés de gros ; leur situation financière s’est donc dégradée. Dans la recherche de solutions pour surmonter ces défis, deux grands électriciens allemands ont décidé de se couper en deux : production carbonée d’un côté et renouvelables, nucléaire, réseaux, commercialisation et services d’un autre côté. Il reste à voir si cette solution sera un succès.

Selon Perry Stoneman, « les Utilities doivent impérativement adapter leurs modèles d’affaires aux changements fondamentaux des marchés : décentralisation des productions, montée des renouvelables, nouvelles demandes des consommateurs (notamment de services énergétiques) et arrivée de nouveaux acteurs. Elles doivent simplifier leurs organisations et accélérer leur transformation digitale qui leur permettra de réaliser les gains de productivité, d’améliorer leur rentabilité et de devenir plus innovants et agiles. »

3. Les transitions énergétiques font émerger des modèles décentralisés de production et de consommation et créent de nouveaux enjeux pour les gestionnaires de réseaux

Les gestionnaires de réseaux doivent équilibrer une production devenue plus incertaine à cause de la proportion grandissante de renouvelables avec une consommation variable par nature. A terme, avec un rapprochement de la production – décentralisée – et de la consommation combiné aux économies d’électricité les réseaux pourraient acheminer moins d’électricité. Les réseaux doivent au préalable devenir plus « intelligents » (smart grids).

Les gestionnaires de réseaux évaluent les technologies de stockage de l’électricité qui contribuent à l’équilibrage du réseau. Les batteries restent encore chères mais le prix de celles en Lithium-ion notamment est en baisse et devrait continuer de baisser encore, offrant ainsi une véritable solution pour le stockage.

Une autre façon de réaliser cet équilibre offre-demande est de rendre les consommations plus flexibles grâce à des signaux tarifaires reflétant les bas coûts de production lorsque les renouvelables produisent beaucoup d’électricité. « Les gestionnaires de réseaux de distribution ont de plus en plus un rôle central dans le fonctionnement du marché. Ils font face à une activité forte avec le raccordement des installations renouvelables, le déploiement de compteurs intelligents et l’exploitation du grand volume de données venant de ces compteurs Ces données, qui contiennent notamment des informations intéressantes sur les comportements des consommateurs, pourraient, sous certaines conditions, être mises à disposition du consommateur lui-même et également d’acteurs de l’industrie ; les distributeurs devenant alors aussi des fournisseurs de données », ajoute Perry Stoneman.

L’Observatoire conclut qu’il est impératif que l’Union Européenne accélère la mise en place des réformes nécessaires notamment sur le marché du carbone et le financement des énergies renouvelables. Le rapport met également en lumière la nécessité d’une transformation chez les principaux acteurs du secteur des Utilities, notamment grâce à l’innovation et à la mise en place de nouveaux modèles d’affaires pour améliorer leur rentabilité.

L’Observatoire Européen des Marchés de l’Energie est une publication annuelle de Capgemini qui suit les principaux indicateurs des marchés de l’électricité et du gaz en Europe et témoigne des évolutions et des transformations de ces secteurs. Cette 18ème édition, bâtie en majorité à partir de données publiques combinée à l’expertise de Capgemini sur le secteur énergétique, fait référence aux données de l’année 2015 et de l’hiver 2015/2016. Une expertise spécifique sur les enjeux climatiques et le comportement des clients est produite respectivement par l’équipe de la recherche d’I4CE – Institute for Climate Economics et VaasaETT.

À propos de Capgemini

Fort de plus de 180 000 collaborateurs et présent dans plus de 40 pays, Capgemini est l’un des leaders mondiaux du conseil, des services informatiques et de l’infogérance. Le Groupe a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 11,9 milliards d’euros. Avec ses clients, Capgemini conçoit et met en œuvre les solutions business, technologiques et digitales qui correspondent à leurs besoins et leur apportent innovation et compétitivité. Profondément multiculturel, Capgemini revendique un style de travail qui lui est propre, la « Collaborative Business ExperienceTM », et s’appuie sur un mode de production mondialisé, le « RightshoreTM ».1 Hors coûts supplémentaires de réseaux associés, estimés à 30%2 En Allemagne les renouvelables contribuent pour 33% à la production d’électricité3 Pour un client résidentielRightshoreTM est une marque du groupe Capgemini