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Des 24 Heures du Mans aux voitures de série : comment Peugeot démocratise ses innovations

Jean-Marc Finot
20 février 2023

À quelques mois du centenaire des 24 Heures du Mans, qui se tiendra les 10 et 11 juin 2023, les constructeurs automobiles les plus prestigieux sont dans les starting-blocks. Parmi eux, Peugeot Sport, qui courra avec son hypercar PEUGEOT 9X8 dotée d’une motorisation hybride dont l’IA décuple les performances.

Vitrine pour Peugeot, cette course d’endurance est aussi et surtout un laboratoire de technologies qui, à termes, seront déployées sur les voitures de série. Tour d’horizon de ces innovations de rupture.

Suspensions actives, freins à disque, antibrouillard, essuie-glace, turbocompresseur… Depuis la création de l’automobile, les sports mécaniques sont un formidable laboratoire d’innovation. Le championnat du monde d’endurance (WEC) de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) ne déroge pas à la règle. « Il nous permet de tester grandeur nature des technologies développées pour la performance et la course, avant d’équiper nos futures voitures de série ». Pour Jean-Marc Finot, senior VP de Stellantis Motorsport, l’objectif est limpide : les innovations incubées en vue des grands championnats de course automobile sont le creuset de technologies qui pourront être industrialisées.

La compétition, une école de l’excellence

Pour les constructeurs, la compétition de haut niveau permet de soumettre leurs technologies à des conditions extrêmes, impossibles à reproduire dans un laboratoire ou sur une piste d’essai. Les véhicules subissent par exemple les perturbations aérodynamiques causées par les autres voitures ou encore l’encrassement accéléré des radiateurs par les boules de gomme issues de l’usure des pneus…

À cela s’ajoute le stress que les pilotes infligent à leurs véhicules, les poussant littéralement dans leurs derniers retranchements. Et quand la course dure 24 heures, nos ingénieurs réhaussent le niveau de performance et de fiabilité de nos technologies à des sommets 

Jean-Marc Finot, Senior VP Stellantis Motorsport

Un précepte déjà mis en application sur les batteries à très haute densité de puissance du constructeur. Grâce à sa joint-venture avec TotalEnergies, Stellantis se positionne comme le champion européen de la batterie. Les premiers modèles issus de cette association équipent déjà la Peugeot 9X8. « L’enjeu numéro 1, c’est d’utiliser au mieux l’énergie stockée dans la batterie. Pour cela, il faut des accumulateurs qui lui permettent de se recharger très vite, des cellules à forte capacité de puissance et, en même temps, un ensemble qui puisse délivrer le maximum de puissance le plus rapidement possible. C’est en optimisant la gestion de la charge et de la puissance disponible en temps réel que nous aurons le dispositif le plus compétitif », explique Kamen Nechev, Chief Technology Officer de Saft, filiale à 100 % de TotalEnergies. Une technologie également appelée à équiper les véhicules en série.

La gestion de l’énergie monte en puissance

Mais ce n’est pas tout. Côté software, le partenariat avec Capgemini est un atout pour la performance de à Peugeot Sport. La gestion de l’énergie, moteur de réussite pour un véhicule hybride, est assurée par une intelligence artificielle embarquée, qui permet, en toutes circonstances, de conserver la puissance totale de la voiture, de 680 chevaux (soit 500 kW)sur ses quatre roues. Or la PEUGEOT 508 PSE — fleuron grand public du constructeur, lancé en 2021 — dispose déjà des algorithmes issus de cette stratégie de gestion d’énergie, appliquée lors des courses comme les 24 Heures du Mans.

Outre la puissance électrique du moteur, la gestion de l’énergie se joue aussi avec le moteur thermique. Stellantis utilise ainsi un biocarburant renouvelable fourni par TotalEnergies, élaboré avec des résidus vinicoles, qui permet de réduire de 66 % les émissions de gaz à effet de serre. Peugeot Sport a fait évoluer la géométrie des chambres à combustion, du système d’injection et des cartographies moteur pour que ces nouveaux carburants soient compatibles. Et « tous ces développements sont une anticipation sur ce qui sera appliqué sur des voitures de série », assure Jean-Marc Finot.

Les données au secours de la performance

Enfin, le partenariat avec Capgemini a permis de mettre au point une gestion fine des données collectées à bord des véhicules, pour en optimiser les performances. Capgemini convertit les données du calculateur au format du cloud, stocke et met à disposition des outils de requêtage qui permettent d’interroger plus de 1000 paramètres de course, pour analyser le comportement du véhicule en toutes circonstances.

Auparavant, il nous fallait plusieurs semaines pour accéder à ces données. Par exemple, les ingénieurs peuvent instantanément savoir quelles ont été les accélérations les plus fortes en piste, les analyser et faire les réglages adéquats. C’est fondamental de pouvoir collecter et exploiter la data pour décider de l’orientation technique à adopter dans des délais très courts. 

Jean-Marc Finot, Senior VP Stellantis Motorsport

Transferts de technologies

Si le groupe n’utilise pas les mêmes pièces, en compétition et en série, il fait néanmoins appel aux mêmes compétences, aux mêmes outils et aux mêmes architectures. « Nous avons mis en place une rotation de l’ingénierie. Les ingénieurs corporate passés dans le département Motorsport du Groupe Stellantis en ont acquis les codes, l’agilité, le sens de l’exécution et la polyvalence », poursuit Jean-Marc Finot. Fort de son expérience en course automobile, Peugeot Sport a la capacité de développer des véhicules électrifiés de série à haute performance, avec un haut niveau d’efficience et dans des temps très courts, à l’instar de la 508 PSE évoquée plus haut. Elle profite déjà de ces innovations pour être plus sûre, mais aussi plus durable comme bientôt d’autres Peugeot de série.

Auteur

Jean-Marc Finot

Senior VP Stellantis Motorsport
Directeur de l’entité Motorsport du Groupe Stellantis depuis janvier 2016, voilà trente ans que Jean-Marc Finot travaille au sein de l’entreprise française. Il a débuté en 1986 en tant qu’ingénieur mise au point liaisons au sol sur Peugeot 205, 309, 605 et 106, jusqu’à devenir en 2012 directeur de la Recherche, de l’Innovation et des Technologies Avancées Stellantis. Un poste qu’il quittera en décembre 2015 pour rejoindre l’entité Motorsport.

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