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L’intelligence artificielle pour s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique

Jean-Guillaume Messmer & Maxime Beaucor
3 février 2023
capgemini-invent

La situation climatique relève aujourd’hui de l’urgence : quelles que soient les réductions de gaz à effet de serre, le risque d’épisodes caniculaires sera multiplié par 2 d’ici 2050.

Dans son 6e rapport de synthèse, publié en mars, le GIEC estime qu’il est indispensable de déployer des mesures pour s’adapter aux principales conséquences du réchauffement climatique, en cours et à venir, comme l’augmentation des phénomènes climatiques extrêmes ou la difficile maintenance des infrastructures humaines.

Par adaptation, le GIEC entend la démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences. Pour les systèmes humains, il s’agit d’atténuer ou d’éviter les effets préjudiciables et d’exploiter les effets bénéfiques. Le risque est toutefois, comme il le note dans son rapport, de mettre en place des mesures d’adaptation inadaptées : on parle de « maladaptation », avec l’exemple de la climatisation. Il est donc essentiel de déployer des mesures planifiées et orientées sur le long-terme.

Adaptation : agir aujourd’hui pour se protéger demain !

A l’heure actuelle, seuls 21% du financement de la lutte contre les changements climatiques assuré par les pays les plus développés pour aider les pays en développement sont consacrés à l’adaptation et à la résilience, soit environ 16,8 milliards de dollars par an.

Or, les Nations-Unies notent, qu’à l’échelle mondiale, un investissement de 1 800 milliards de dollars en faveur de systèmes d’alerte précoce, d’infrastructures à l’épreuve des changements climatiques, de l’amélioration de l’agriculture, de la protection globale des mangroves le long des côtes et du maintien des ressources hydriques pourrait générer 7 100 milliards de dollars du fait d’un cumul de coûts évités et de divers bienfaits aux niveaux social et environnemental. Par ailleurs, si plus d’exploitations agricoles adoptaient des mesures d’adaptation, le monde serait à l’abri d’une baisse des rendements agricoles mondiaux pouvant atteindre 30 % d’ici à 2050.

Un outil concret pour adapter nos sociétés : combiner imagerie satellite et intelligence artificielle

Pour optimiser les actions d’adaptation, et de financement de cette adaptation, le recours à des outils d’aide à la décision basé sur des systèmes d’IA est une option crédible.

A cet égard, l’imagerie satellite et aérienne combinée à l’intelligence artificielle peut appuyer cette transition vers des sociétés adaptées aux effets du réchauffement climatique. Les cas d’usages existent et peuvent servir d’exemple pour massifier les stratégies d’adaptation, comme l’illustrent les trois exemples ci-après.

L’IA, adossé à l’imagerie satellite, offre des possibilités multiples pour protéger les écosystèmes. Ainsi, via la cartographie des zones de végétation, par type de bois, comme cela a été fait en Australie, il est possible de prédire la taille, l’étendue et la probabilité d’un départ de feu dans une certaine zone. La détection des départs de feux déclenchés par la foudre peut aussi être appuyés par l’imagerie satellite comme mis en place par l’outil Radfire du Laboratoire national Nord-ouest Pacifique aux Etats-Unis. Ces outils ont vocation à appuyer les services locaux et les équipes de protection des forêts, face notamment aux incendies favorisés par les épisodes caniculaires.

Dans le même esprit, l’IA peut appuyer la prévention des inondations par la construction de modèles pertinents d’alerte via l’analyse et le traitement de données projetant la réaction de bassins versants en temps réel, en renforçant les systèmes d’alerte pour apporter des réponses adaptées à chaque situation et permettre aux acteurs locaux de s’adapter aux conséquences négatives du changement climatique. A titre d’exemple, grâce à l’IA, le bureau d’études Hydratis d’Aix-en-Provence a rendu possible l’évaluation de la réaction d’un bassin versant sur 20 minutes, là où les modélisations classiques ne peuvent apporter de réponses sur des temps de réactions inférieurs à 4 heures.

Enfin, l’IA est un outil primordial pour aider les communes à s’adapter aux changements climatiques, notamment les hausses de température. Face aux phénomènes d’îlots de chaleur, l’IA peut utiliser les données météorologiques et l’apprentissage machine pour les cartographier afin d’orienter les projets de renaturation des espaces. Plus largement, l’IA est un outil au service de la gestion et de l’affectation des espaces urbains. Ainsi, avec un tel outil, la ville de Rotterdam a cartographié les 14,5 m2 de toitures-terrasses de la ville pour identifier l’usage actuel et déterminer si ces espaces pourraient être utilisés pour des réservoirs d’eau, des espaces verts ou la production d’énergies renouvelables.

L’IA, au service de notre futur dans un monde sous pression des changement climatiques

Ces trois cas d’usage démontrent que l’IA offre des solutions décisives pour s’adapter au réchauffement climatique. En s’appuyant sur l’imagerie satellite, elle peut cartographier les zones de végétation pour prédire et prévenir les catastrophes naturelles, comme les feux de forêt ou les inondations, ou les îlots de chaleur en ville pour mieux orienter les projets de renaturation des espaces et maximiser leur potentiel pour la production d’énergies renouvelables.

Avec l’IA, associé à l’imagerie satellite, nous avons les clés pour répondre aux enjeux de l’adaptation aux effets du réchauffement climatique, quel qu’il soit. Si les possibilités d’appui sont multiples et de nombreux champs restent encore à explorer pour prévenir au mieux les effets des changements climatiques sur nos espaces naturels et nos lieux de vie et pour appuyer les décideurs dans la mise en œuvre de politiques efficaces.

Auteurs

Jean-Guillaume Messmer

Manager Secteur public, Capgemini Invent
Jean-Guillaume a développé une expertise sur la valorisation des données, l’IA et l’IA générative qu’il met au service des acteurs ministériels. Diplômé de CentraleSupélec et de Sciences Po, il enseigne les enjeux du secteur public à CentraleSupélec.

Maxime Beaucor

Senior consultant, Capgemini Invent
Maxime est spécialisé dans les domaines de la santé et de la protection sociale. Il accompagne des acteurs publics autour de ces thématiques, notamment dans la mise en oeuvre de leurs projets data et de leurs feuilles de route stratégiques. Il s’est aussi spécialisé dans l’appui que l’intelligence artificielle peut offrir aux acteurs publics.
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