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L’éducation à l’heure de l’écoresponsabilité

Capgemini Invent
13 juillet 2022
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L’éducation nationale, au regard du nombre d’élèves (12 millions répartis entre les écoles, les collèges et les lycées) et du poids de ses fonctionnaires et contractuels, a un poids conséquent dans l’évolution des pratiques et des mentalités vis-à-vis de la lutte contre le réchauffement climatique et de la transformation de notre société vers un modèle plus durable.  

L’engagement des jeunes générations, soucieuses de leur avenir et de celui de la planète, s’affirme à l’exemple de jeunes diplômés ingénieurs d’AgroParisTech, de L’Ecole Polytechnique  ou d’HEC qui lors de leur cérémonie ont appelé à déserter des emplois destructeurs. Ainsi s’agit-il de capitaliser sur ces volontés pour nourrir les élèves et les étudiants avec des enseignements tournés vers l’écoresponsabilité et les rendre pleinement acteurs du changement. Cette volonté peut s’articuler autour de deux objectifs : d’une part, éduquer et former les jeunes aux défis climatiques via les programmes scolaires et les formations diplômantes du supérieur ; d’autre part rendre l’école, par le biais de l’éducation nationale, exemplaire en termes d’écoresponsabilité dans toutes ses dimensions.

Progressivement, les enjeux liés au développement durable s’intègrent dans les programmes scolaires

En 2019, l’éducation nationale a défini huit mesures pour faire des élèves les acteurs du développement durable (DD), parmi lesquelles :

  • l’élection d’un éco-délégué par classe de collège et lycée ;
  • une séance annuelle complète des instances lycéennes consacrée aux thématiques liées au DD ;
  • l’engagement des écoles et des établissements dans une démarche globale de DD ;
  • l’étude du changement climatique et la biodiversité dans les nouveaux programmes du lycée.

Par ailleurs, une filière technologique du baccalauréat est tournée depuis 2013 vers les enjeux du développement durable : la filière STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement).

Pour autant, il serait pertinent d’envisager plus de sensibilisation des élèves à la lutte contre le changement climatique dans leur orientation vers les études supérieures

Afin de renforcer la profondeur des programmes scolaires concernant la transition énergétique certaines propositions de la convention citoyenne pour le climat pourraient être approfondies. Les membres de la convention avaient défini trois grandes actions pour faire de l’éducation un levier d’action de la consommation responsable :

  • modifier le code de l’éducation pour une généralisation de l’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD) dans le modèle scolaire français ;
  • renforcer les modalités d’éducation à l’environnement et au développement durable en faisant une mission transversale des enseignants ;
  • sensibiliser l’ensemble de la population française en reliant compréhension de l’urgence climatique et passage à l’action.

En outre, l’éducation repose de plus en plus sur l’utilisation d’outils numériques, or le numérique a également un impact sur l’environnement

Il serait dès lors pertinent de proposer dans toutes les filières du lycée et des études supérieures aux lycéens/étudiants le passage de la certification du numérique responsable et/ou des MOOC sur les mêmes thématiques proposées par l’Institut du Numérique Responsable. C’est notamment le cas de l’école Audencia qui a signé en 2020 la Charte du numérique responsable.

L’éducation à l’environnement et au développement durable ne passe pas uniquement par les programmes scolaires

L’école dans son ensemble doit continuer à être repensée par exemple en ce qui concerne l’impact énergétique des bâtiments. Ainsi, l’Etat doit avoir une double casquette. D’une part, il a un rôle de financeur par le biais du plan de relance : 4 Md€ sont répartis entre l’Etat et les collectivités territoriales pour la rénovation des bâtiments publics ; d’autre part il a un rôle d’incitation : le ministère de l’éducation nationale doit inciter les collectivités à effectuer les rénovations thermiques des bâtiments qui leur appartiennent qui sont nécessaires. En effet les écoles, collèges et lycées représentent 50% du parc immobilier des collectivités territoriales. Au niveau des communes, les écoles sont les bâtiments les plus consommateurs d’énergie avec 30% de de la consommation des bâtiments communaux. La Banque des territoires peut participer au financement de ces travaux pour les collectivités à travers le dispositif Intracting.

Par ailleurs, la loi Egalim impose des ratios d’ingrédients issus de l’agriculture biologique et/ou locale dans les cantines scolaires : 50% de produits durables et de qualité dont 20% biologiques depuis le 1er Janvier 2022, 60% de produits durables et de qualité pour les viandes et les poissons au 1er janvier 2024. Certaines collectivités vont déjà plus loin, par exemple la ville de Lyon avec 50% de produits d’origine locale et biologiques à partir du 1er septembre 2022 elle passera à 75% d’agriculture biologique en 2026 et 90% de viande locale à partir du 1er septembre 2022et 100% bio ou label rouge, etc.? ; ainsi que deux options de menus dont une 100% végétarienne. Les collectivités peuvent ainsi être moteur de ce changement en allant plus loin que les obligations légales imposées par la loi Egalim.

L’écoresponsabilité du secteur numérique, en très forte croissance, comme un enjeu clef

Différents projets existent tel que EdTech France, une initiative d’entrepreneurs français pour rendre la technologie et l’innovation utiles à l’éducation, à l’enseignement supérieur et à la formation tout au long de la vie. Ce type de solution devrait également inclure un volet d’éco-conception.

Enfin dans la logique souhaitée par le gouvernement de renforcer l’expérimentation locale, il pourrait être mis en place une expérimentation d’école verte, concept désormais largement déployé à l’étranger, avec quelques établissements pilotes qui mettraient en œuvre l’ensemble des recommandations évoquées ci-dessus et qui seraient dotés d’un budget participatif ouvert aux élèves, parents et enseignants pour proposer des mesures à l’échelle de leur établissement. Le budget participatif pour les écoles et collèges est déjà déployé pour certaines thématiques par la ville de Paris par exemple.

 Le nouveau ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Pap Ndiaye, a pris les devants en publiant dans la circulaire de rentrée 2022 une ambition nouvelle, et en prônant l’imprégnation du développement durable «à l’ensemble des disciplines » via le Conseil supérieur des programmes; les établissements devront ainsi placer la transition écologique et énergétique au cœur de leur projet, notamment au travers de la labellisation E3D des structures scolaires et de l’application du futur guide de la sobriété écologique dans le monde de l’éducation.

Un article rédigé par la communauté Education de chez Capgemini Invent, et plus particulièrement par Benjamin Henneresse, Manager Secteur Public, Mathilde Foll-Clabaux, Consultante Secteur Public et Jean-Baptiste Perrin, Vice-President en charge d’Invent for society et de la communauté éducation de Capgemini Invent