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Selon l’Observatoire Européen des Marchés de l’Energie, la transformation digitale représente une formidable opportunité pour les Utilities de s’adapter à la transition énergétique tout en gagnant en compétitivité

03 nov. 2015

Trois principaux enseignements se dégagent de cette nouvelle édition de l’Observatoire Européen des Marchés de l’Energie :

3>1. Transition énergétique et transformation digitale : deux mutations qui doivent tirer profit l’une de l’autre sur un mode vertueux

En Europe, alors que les Utilities aspirent à améliorer leur productivité, elles doivent faire face à une transition énergétique qui impacte fortement leur business model. Perry Stoneman, responsable du secteur des Utilities chez Capgemini, « face à ce double scénario, les Utilities doivent immanquablement mettre pleinement et rapidement en œuvre leur transformation digitale parce qu’elle leur permettra de s’adapter à la nouvelle donne des marchés et à faire des gains de productivité. C’est une chance pour les Utilities que ces deux mutations coïncident dans le temps et il faut la saisir. »

En effet, l’Observatoire relève les multiples changements de modèles économiques induits par la transition énergétique tels que : une production décentralisée, la gestion complexe du réseau électrique avec une part croissante de renouvelables (smart grids), la gestion de la demande[2], les consom’acteurs[3], une meilleure connaissance des clients grâce à l’exploitation des données (data mining) qui seront fournies par les compteurs intelligents, une nouvelle relation clients, des objets connectés, etc.

Ces changements interviennent alors que les marchés de gros de l’électricité et du gaz[4] sont déprimés et que la baisse spectaculaire des prix du pétrole accentue la baisse de ces prix.

Enfin, comme le soulignent les analystes sectoriels de Natixis, « la situation financière des Utilities reste difficile et leurs performances boursières sont médiocres. Un certain nombre d’opérateurs électriques européens subit notamment de plein fouet l’orientation baissière des prix de gros en Europe. Dans ce contexte, les Utilities européennes ont pris ces dernières années diverses initiatives de renforcement bilanciel tels que les cessions d’actifs et les émissions de dettes « hybrides ». Toutefois, malgré ces initiatives, les niveaux d’endettement restent élevés. »

2. Il est aujourd’hui peu vraisemblable que la COP21 conduise à des mesures suffisamment fortes et rapides pour éviter que l’augmentation de la température de la planète ne dépasse les 2°C. C’est pourquoi il est crucial, en plus des efforts de limitation des émissions de gaz à effet de serre, de financer les actions d’adaptation limitant les effets du réchauffement climatique sur les populations et les infrastructures

La COP21 va se dérouler dans un contexte de court terme peu favorable : les bas prix des hydrocarbures induisent un retour financier insuffisant pour les investissements visant à remplacer les hydrocarbures et donc à limiter les émissions de gaz à effet de serre. Cette baisse des prix impactera également la rapidité du développement des renouvelables dont le prix de vente sera de plus en plus lié aux prix des marchés de gros avec la fin programmée des tarifs d’achat.

A la veille de la COP21, l’Observatoire relève les progrès incontestables faits par les gros émetteurs de CO2. En effet, aux Etats-Unis, le président Obama s’est engagé à réduire de 26 à 28% les émissions de CO2 d’ici 2025 (comparées à 2005) et essaye d’imposer une régulation limitant l’usage des centrales au charbon. En Chine, le premier ministre Li Keqiang s’est engagé à réduire de 60 à 65% l’intensité carbone par point de PIB d’ici 2030.

L’Observatoire souligne également que l’Europe est dans une certaine mesure le « bon élève de la classe » mais doit néanmoins mettre en cohérence les différentes mesures prises pour réduire les émissions de CO2 (SCEQE[5], ENR[6], Economies d’énergie, CSC[7]). En effet, ces mesures génèrent des coûts très différents pour la collectivité et donnent des signaux incohérents aux acteurs économiques.

3. Le marché européen de l’énergie est resté très perturbé

Quatre facteurs pèsent sur le marché européen de l’énergie. On constate un prix très bas sur le marché de gros de l’électricité (moins de 40€/MWh sur S1 2015, en baisse par rapport à 2014) associé à une hausse des prix de détail (+2,9% entre S2 2014 et S2 2013). A cela s’ajoutent, dans certains pays européens, des risques sur la sécurité d’approvisionnement en électricité ou en gaz, qui pourrait être difficilement assurée notamment à cause des relations tendues avec la Russie sur les questions gazières. Enfin, on constate que les investissements de long terme dans des formes de productions programmables sont peu nombreux alors qu’ils devraient atteindre les 1100 milliards d’euros d’ici 2025 pour les infrastructures électriques et gazières dont 500 milliards d’euros dans la production.

« Malgré une analyse pertinente, le renforcement de l’Europe de l’énergie annoncé début 2015, ne prévoit pas de mesures assez rapides et concrètes pour rétablir un marché cohérent et améliorer la sécurité d’approvisionnement, » explique Colette Lewiner, experte mondiale du secteur de l’Energie et des Utilities chez Capgemini. «Le rétablissement d’un marché cohérent passerait par : (i) l’accélération de la réforme du marché du SCEQE avec une implémentation, bien avant la fin de la décennie, du mécanisme de réserve de stabilité du marché carbone adopté par l’Union Européenne et l’introduction d’un organe central de régulation de ce marché, (ii) la mise en place obligatoire de nouvelles normes et standards d’efficacité énergétique pour les bâtiments et (iii) l’accélération pour toutes les formes d’électricité renouvelable de flux (notamment le solaire et l’éolien) de la disparition des tarifs d’achat et leur remplacement par des prix liés à ceux du marché.»

En ce qui concerne l’amélioration de la sécurité d’approvisionnement, l’Observatoire formule quatre préconisations

(i) la mise en place plus rapidement et de façon cohérente des marchés de capacité.

(ii) la poursuite de l’exploration des gaz de schiste qui sont une source domestique de gaz.

(iii) l’étude et le financement de la mise en place d’un réseau de transport d’électricité réellement unifié et plus intelligent. (iv) consacrer plus de financement à la recherche et au développement de moyens de stockage de l’électricité qui soient compétitifs avec le réseau électrique.

A propos de Capgemini

Fort de 180 000 collaborateurs et présent dans plus de 40 pays, Capgemini est l’un des leaders mondiaux du conseil, des services informatiques et de l’infogérance. Le Groupe a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 10,573 milliards d’euros. Avec ses clients, Capgemini conçoit et met en oeuvre les solutions business, technologiques et numériques qui correspondent à leurs besoins et leur permettent d’encourager l’innovation tout en gagnant en compétitivité. Profondément multiculturel, Capgemini revendique un style de travail qui lui est propre, la Collaborative Business ExperienceTM, et s’appuie sur un mode de production mondialisé, le RightshoreTM. [1]Le renforcement de l’Europe de l’énergie fait partie des intentions de l’Union Européenne annoncées en février 2015 (un cadre stratégique pour une Union de l’énergie résiliente) [2]La gestion de la demande : Les Utilities incitent leurs clients à réduire leur consommation aux heures pleines [3]Les consom’acteurs sont les consommateurs qui produisent eux mêmes une partie de leurs besoins en énergie grâce à une production renouvelable décentralisée [4]La fermeture des centrales au gaz s’est poursuivie. [5]SCEQE : Système Communautaire d’Echange de Quotas d’Emission [6]ENR : Energies Renouvelables [7]CSC : Capture et Stockage du Carbone [8]Ce mécanisme permettra d’ajuster, selon des règles prédéfinies, le volume des quotas d’émissions échangeables sur le SCEQE afin d’assurer la stabilité de ce système RightshoreTM est une marque du groupe Capgemini.