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Le cloud : catalyseur de la modernisation du système d’information

Papa Ibrahima Ndao
6 avril 2021

La société et les entreprises font face à la digitalisation de leurs processus et modes d’interactions. Qu’ils soient à destination de clients, collaborateurs ou citoyens, les services attendus doivent répondre aux enjeux de cette digitalisation.

La récente crise sanitaire a confirmé l’importance d’une numérisation performante et sécurisée.

Pour les grandes entreprises et organismes publics, qui ont souvent investi des dizaines voire des centaines de millions d’euros dans leur système d’information, agrégeant leur savoir-faire et constituant souvent un différentiateur compétitif, la réponse aux enjeux de digitalisation ne peut pas être synonyme d’une construction de solutions entièrement nouvelles. L’approche la plus avantageuse consiste à s’appuyer sur les solutions technologiques modernes pour rénover et ouvrir les systèmes existants et les compléter par de nouveaux composants : on parle alors de modernisation du système d’information. Dans certains cas, l’écart à combler est tel qu’il est plus pertinent d’envisager une transformation en profondeur de l’existant.

Les plateformes cloud sont des accélérateurs essentiels dans ces démarches de modernisation :

  • Elles fournissent de manière native la plupart des services requis pour construire et déployer des applications selon les modèles d’architectures modernes ;
  • Elles permettent une consommation flexible de ces services, avec de nombreux leviers d’optimisation des coûts, dès lors que les bonnes pratiques du FinOps* sont respectées ;
  • Elles offrent, par la possibilité de manipuler tous les services par du code (via les API exposées par les plateformes cloud), un niveau d’automatisation jusqu’ici inégalé, autant dans le déploiement des applications (Infrastructure-as-Code et CI/CD) que dans leur exécution (mise à l’échelle automatique) et leurs opérations (observabilité et auto-remédiation)

Pour réussir la modernisation de son système d’information en tirant profit du cloud, il faut l’aborder comme un programme d’entreprise devant fédérer les métiers et l’IT et formaliser sa justification dans un Business Case. Celui-ci articule l’investissement avec la création de valeur attendue telle qu’une hausse de revenus par une meilleure saisie des opportunités digitales, une réduction du « time-to-market », ou encore une baisse des coûts opérationnels; et la maîtrise accrue des risques opérationnels tels que la résorption de la dette technique ou l’amélioration de la cybersécurité. Au-delà de la mobilisation et de la justification technico-économique, l’expérience montre que la mise en œuvre efficace d’un programme de modernisation vers le cloud doit obéir à des principes clés :

  • Avoir une vision orientée par le portefeuille applicatif, doublée d’une bonne compréhension des impératifs stratégiques par domaine métier.
  • Démarrer par une analyse approfondie du portefeuille pour permettre le routage de chaque application, ou regroupement d’applications, vers la bonne approche de transition : du simple redéploiement à l’adaptation des architectures, voire la refonte partielle.
  • Adopter une stratégie différentiée selon qu’il s’agisse d’applications spécifiques (dont le code est détenu), de progiciels (dont les ERP) ou de plateformes Data (entrepôts de données ou solutions big-data).
  • La modernisation s’étalant généralement sur plusieurs semestres en ayant comme cible une infrastructure de cloud hybride, il est essentiel de se doter d’une plateforme d’intégration hybride, capable de gérer divers flux d’échange entre les applications sur et hors du cloud, ainsi qu’entre les existantes et celles modernisées

Quelle est la meilleure façon d’organiser et orchestrer cette modernisation ?

  • Mettre en place un modèle opérationnel « composite », combinant des capacités en « mode usine » (traitant efficacement les migrations de type « rehosting » ou les campagnes de tests) avec un dispositif distribué, associant des experts de la modernisation cloud avec les équipes de maintenance applicative, tirant ainsi profit de leur connaissance de l’existant.
  • Différencier la phase d’« Analyse & Définition » des architectures cibles (par application ou regroupement) de celle de « mise en œuvre » de la modernisation applicative. Ce découplage sera gage de flexibilité et d’une capacité d’adaptation aux contraintes métier et aléas de calendrier.
  • Mettre en place une chaîne homogène d’outils et de pratiques DevSecOps, pour automatiser le déploiement des applications modernisées et profiter des plateformes d’orchestration de conteneurs sur Kubernetes qui va apporter une standardisation et une industrialisation de haut niveau.
  • Adopter une démarche Agile à l’Echelle pour rythmer et coordonner les travaux des multiples équipes, dans le souci permanent d’une création itérative et incrémentale de valeur, mesurée par le périmètre effectivement modernisé et son impact sur les indicateurs de performance : coûts opérationnels, délais des cycles de delivery, qualité de service en production.

Les fondations de la modernisation du portefeuille existant (architectures de référence, règles de cybersécurité, bibliothèques de modules Infrastructure-as-Code, etc.) deviennent un accélérateur pour les nouveaux projets menés nativement dans le cloud. Ce socle facilite aussi la mise en place de solutions de développement rapide d’applications, sur des plateformes sécurisées et connectées aux données de l’entreprise : c’est le low code. Il est ainsi possible d’éviter le « shadow IT » et d’offrir à la nouvelle génération de « citizen developpers » les moyens de concrétiser leurs idées d’amélioration des processus, parfois bridées par l’indisponibilité de ressources de développement.

Au cœur de tous ces efforts se trouvent les données, qui constituent l’actif le plus important des organisations ! La modernisation du SI va permettre de la traiter plus efficacement et de la valoriser de façon plus sécurisée pour l’organisation et ses clients finaux : employés ou usagers. En outre, le cloud ouvre l’accès à de nombreux services à valeur ajoutée permettant d’accélérer l’innovation et le maintien de la compétitivité : par exemple services cognitifs ou conversationnels, outils de machine learning, puissance de calcul « à la demande » pour les calculs de simulation et d’optimisation…

La modernisation du Système d’Information ne peut être réalisée sans une évolution des compétences et pratiques opérationnelles des équipes chargées de le maintenir et le supporter. Il est donc essentiel d’accompagner les collaborateurs dans leur acculturation au cloud et l’enrichissement de leurs compétences. Chacun doit être acteur de cette aventure humaine dont le cloud n’est qu’un catalyseur.

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* voir article sur le FinOps (podcast)