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Comment mesurer et suivre l’empreinte environnementale du cloud ?

Alban Korniloff
2 juin 2022

Le Cloud a une matérialité. Derrière se trouvent des serveurs, des baies de stockage, des équipements réseaux qui, comme tous composants d’une infrastructure informatique, consomment de l’énergie.

Les datacenters qui les hébergent consomment également de l’énergie pour fonctionner, notamment leurs systèmes de refroidissement.

D’autres variables sont aussi à prendre en considération : le mix énergétique utilisé pour faire fonctionner ces infrastructures. Il varie en fonction du pays où le datacenter est situé et des contrats signés avec tel ou tel fournisseur d’énergie. L’impact carbone n’est pas le même en France, où le mix énergétique est plutôt favorable aux énergies bas carbone (notamment avec le nucléaire), que dans d’autres pays d’Europe. La consommation d’énergie n’est cependant pas la seule variable à devoir être prise en considération. Il est indispensable d’étudier l’ensemble des ressources utilisées, dont l’eau nécessaire à la fabrication des équipements et des processeurs, ainsi qu’à la réduction de la température au sein des datacenters.

Quand il s’agit de mesurer l’impact environnemental du Cloud, il faut prendre en compte la totalité du cycle de vie des serveurs. Le calcul de l’impact du Cloud doit couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur en considération, de la fabrication des différents serveurs, des baies de stockage et autres équipements dont ceux des réseaux, jusqu’à leur utilisation finale, en passant par le recyclage de ces équipements et la façon d’amortir l’usage. Les documents techniques des fabricants de serveurs indiquent souvent des durées de vie moyenne de 4 à 5 ans. Les entreprises et les fournisseurs de Cloud se mettent aujourd’hui en ordre de marche pour pouvoir augmenter cette durée de vie, notamment en apportant des modifications et de la maintenance sur les pièces nécessaires. Ces actions permettent d’augmenter le cycle de vie de ces matériels. Cette prise en compte globale est importante. Quand les fournisseurs de Cloud mettent en avant les initiatives qu’ils prennent sur ces sujets, il faut non seulement regarder l’usage qui est fait des équipements, et comment optimiser leur mutualisation, mais aussi évaluer comment des améliorations peuvent être apportées via l’ACV.

Comment intégrer des KPIs durables lors d’une migration vers le Cloud ?

Les fournisseurs de Cloud mènent énormément de projets de recherche et de développement sur ces sujets. Ils sont aujourd’hui capables de réduire sur le long terme les émissions de CO2 des datacenters et des infrastructures qu’ils mettent à disposition. Dès la contractualisation et le choix de la zone, il est nécessaire de regarder de près l’ensemble de ces aspects ainsi que les services délivrés. S’il est possible de stocker la donnée sur des bandes magnétiques ou de n’avoir en “hot storage” que les données qui le nécessitent, de véritables gains d’énergie peuvent être réalisés.

En allant plus loin, en plus du “business case” économique, il faut aussi réaliser un “business case” intégrant un bilan carbone et un bilan énergétique. L’objectif est de déterminer ce que l’entreprise “gagne” en basculant dans le Cloud. Il faut pour cela déterminer auparavant d’où l’entreprise part, en calculant le PUE de ses datacenters en propre, le coût énergétique et la consommation “carbone” des datacenters qu’elle quitte pour migrer vers le Cloud.

De base, via la technologie que les fournisseurs de Cloud mettent en place et la façon dont ils construisent les datacenters, l’entreprise va être gagnante sur ce registre. C’est le premier postulat. En revanche, il faut faire attention à un point : migrer vers le Cloud, cela signifie gérer ses infrastructures et ses applications. Quand une entreprise réalise une bascule vers le Cloud, elle doit modifier ses paramètres sur Microsoft Azure, AWS, Google Cloud ou tout autre fournisseur, pour éviter toute redondance.

Des ajustements peuvent donc être réalisés sur la redondance et les applications. Il en est de même à propos de l’usage des applications. Toutes n’ont pas besoin d’être disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Les démarches FinOps peuvent aider en ce sens.

Quelles actions prendre quand une entreprise a déjà migré vers le Cloud ?

Par rapport à l’usage, les calculatrices mises à disposition par certains fournisseurs de Cloud apportent de premières informations. Elles permettent d’analyser sur le long terme l’impact sur les usages.

Auparavant, les entreprises avaient l’habitude, même si c’est moins le cas aujourd’hui, de mettre en place un nouvel environnement de test à chaque fois qu’elles voulaient tester une application ou réaliser un déploiement. Si elles souhaitent être plus éco-responsables, elles doivent limiter ces pratiques. Quand elles activent une machine virtuelle dans le Cloud, elles doivent par exemple comprendre quelles sont les incidences environnementales. Par ailleurs, les entreprises qui s’engagent dans cette dynamique doivent s’assurer que les zones de disponibilité “Cloud” qu’elles ont choisies sont éco-responsables. La démarche FinOps peut à nouveau les y aider.

Il existe encore des freins, non pas à la mise en place des indicateurs, mais plutôt à leur suivi et à leur véracité. Aujourd’hui, malheureusement, certaines données sont très complexes à obtenir. Par exemple, pour déterminer le PUE d’un datacenter dédié régi par un fournisseur de Cloud, les informations à disposition ne sont pas toujours totalement transparentes.

Pour l’eau, les entreprises disposent du WUE (Water Usage Effectiveness) et, pour le carbone,

Ce qu’il est important de comprendre avec les calculettes mises à disposition par les fournisseurs de Cloud, c’est qu’elles permettent non pas d’obtenir une vision globale parfaite de ce qui est réalisé, mais de suivre les évolutions. Le plus important n’est pas de décider de tout couper à un instant T, mais de parvenir à faire évoluer sa consommation de Cloud et sa façon d’utiliser les infrastructures, pour pouvoir réduire progressivement celles-ci et aller vers plus de frugalité.

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