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Simplifier le quotidien de tous

Alexandre Ryckman
25 avril 2022

Alexandre Ryckman, Product Manager pour l’offre Smart Territoires chez Capgemini, nous dévoile les enjeux d’une collectivité locale plus connectée et plus numérique.

Pour une collectivité locale, pourquoi être plus connecté et plus numérique ?

Il y a deux objectifs principaux :

D’une part, la transformation digitale de la collectivité. Certaines sont encore dans des fonctionnements révolus avec souvent l’utilisation de fichiers Excel en abondance et non partagés entre les différents services. Tout cela implique des complications non seulement d’organisation, mais aussi de circulation de l’information. Il y a donc un besoin de travailler en mode plus collaboratif et de faire en sorte que les directions métiers suivent un cap commun plutôt que des initiatives individuelles. La mise en place d’une transformation digitale, grâce à un socle de technologies, peut apporter une réponse.

D’autre part, il s’agit d’aider les utilisateurs, internes comme les agents des services techniques, mais aussi externes comme les usagers et les citoyens. Or, avec l’essor du numérique, aujourd’hui, un grand changement des mœurs est en cours : par exemple, les jeunes générations vont sur les réseaux sociaux pour contacter leurs mairies ou signaler des anomalies sur le territoire. Ils ont des attentes nouvelles. La transformation digitale des collectivités est une réponse à ces nouvelles pratiques. S’il fallait résumer en quelques mots, la « smart city » a pour objectif de simplifier le quotidien de tous en permettant un meilleur accès à l’information en temps réel.

La « Smart city », est-ce un rapprochement du citoyen et de sa collectivité ?

Tout à fait, la smart city, c’est davantage de mise en relation du citoyen et de sa collectivité. La collectivité transforme ses services grâce aux canaux digitaux et les citoyens sont plus enclins à utiliser ces processus. Tout le monde se retrouve gagnant finalement.

Concrètement, sur le terrain, quelles sont les difficultés à surmonter ? Quelles sont les contraintes qui peuvent freiner la mise en place ?

Il existe trois types de contraintes. La première est celle du financement de cette transformation digitale. Bien souvent, les élus sous-estiment le budget à consacrer au numérique et les équipes internes se trouvent rapidement dépourvues de budget ou de ressources compétentes. En effet, la mise en place des outils digitaux nécessite de nouveaux profils comme des chefs de projet qui possèdent à la fois la connaissance métier et l’expérience en gestion de projet numérique. Les salaires pour cette fonction sont en général bien plus aguicheurs du côté des services privés que dans les services publics. Les collectivités sont donc constamment en train d’essayer de répondre aux questions, que peut-on faire, pour combien et avec quelles ressources ? Une partie des réponses se trouve dans le recours aux Partenariats Publics Privés.

La deuxième difficulté implique de faire un focus sur les DSI (Directions des Systèmes d’Information) dont un certain nombre n’est pas encore familiarisé avec les termes de « Smart City », « Internet des Objets » (IoT ou objets connectés) et plateforme d’échanges de données. Or, la mise en place d’un socle Smart City implique de disposer de ces connaissances de manière à pouvoir dessiner une feuille de route des usages numériques sur le long terme, au moins une dizaine d’années.

Enfin, le dernier frein rencontré fréquemment est le niveau de maturité des élus sur le numérique. Le numérique apparaît encore comme un concept flou et dont les avantages ne sont pas toujours palpables aux premiers abords. Des collectivités, bien que compétentes en matière numérique, ne se développent pas à cause de la réticence d’élus et l’absence d’envie « d’y aller ».

Est-ce juste une peur de l’inconnu ? Ou la peur de l’utilisation des données et des attaques ?

Il est vrai que les collectivités et les services publics en général sont de plus en plus en proie aux délinquants numériques. Une mairie comme Angers a été victime d’attaque qui a paralysé ses services pendant plusieurs semaines avec la nécessité de recourir aux documents papier le temps de sécuriser le réseau. Et avec lE RGPD, les collectivités doivent garantir la sécurité des données des citoyens et également des installations en place dont les équipements connectés. On comprend alors l’augmentation du risque d’intrusion et les conséquences que cela pourrait engendrer (ex : perte de contrôle des équipements dans des cas extrêmes). Heureusement cependant, des solutions existent et des professionnels de l’Informatique sont là pour accompagner les collectivités.

Pour répondre aux besoins et aux attentes, Capgemini, apporte un accompagnement. Sous quelles formes se manifeste-t-il ?

L’accompagnement intervient de l’amont à l’aval du projet. En termes de maîtrise d’ouvrage (AMOA)*, nous avons la capacité d’aider les collectivités à la rédaction de leur schéma directeur des usages numériques ou directement de leur schéma directeur « Smart City ». Dans les deux cas, l’objectif est de définir, en fonction des spécificités, les actions à mettre en place et dans quels domaines. Tout cela pour structurer le développement du numérique à partir d’un socle qui est constitué par une plateforme d’échanges de données en son cœur. Les données sont l’information riche qui, exploitée, permet de mieux cerner le territoire et donc de mieux répondre aux attentes des usagers et des agents. Cette meilleure maîtrise du territoire permet de prendre des décisions stratégiques.

Ensuite, en tant qu’intégrateur, Capgemini accompagne les collectivités sur la mise en place du socle de la transformation digitale. Des exemples concrets sont le déploiement d’une plateforme d’échanges de données de différentes sources (IoT, données partenaires, données publiques, données du SI de la collectivité…) permettant le stockage, la standardisation et l’enrichissement de la donnée. Nous réalisons également les passerelles (connecteurs) permettant la collecte des données et leur intégration dans la plateforme ainsi que les briques de services (hyperviseur, application mobile…) dédiées aux différents utilisateurs (agents, usagers). Enfin, la notion de « reporting » et aide au pilotage est également prise en compte avec la fourniture d’outils dédiés à la « data vizualisation ».

Pouvez-vous illustrer cela par un exemple concret ?

En termes d’illustration, un capteur de crue connecté dialogue avec son logiciel métier dédié (appelé superviseur). La plateforme d’échange de données converse avec ce logiciel afin d’en collecter les données qui peuvent alors rentrer dans des processus de décision. Par exemple, si le niveau d’eau remonté par le capteur dépasse un certain seuil, alors cela peut générer un événement que va pouvoir suivre la collectivité au sein de son poste de pilotage connecté.

Donc cela implique que les collectivités doivent aujourd’hui collecter leurs données et changer les relations avec leurs fournisseurs en pensant à les récupérer ?

Oui, c’est une difficulté, car ce n’est pas acquis et de la sensibilisation et pédagogie sont cruciales sur ce sujet. C’est typiquement dans les aspects « gouvernance de données » des conseils que nous pouvons prodiguer. Typiquement, un fournisseur de capteurs ou de mobilités reste souvent propriétaire des données qu’il génère, or elles sont intimement liées au territoire et à la collectivité qui peut en avoir besoin. L’enjeu se traduit alors par l’inclusion de clauses contractuelles.